Savime met l’innovation sur le tapis (roulant)

Pour que les canettes de bière et autres paquets de gâteaux donnent envie dans les rayons, il faut les chouchouter au moment de leur conditionnement. C'est tout le savoir-faire de Savime, à la Chapelle d'Armentières. Pour éviter la non-qualité et l'arrêt des lignes, très coûteux, ses 43 salariés s’attachent à améliorer en permanence les systèmes de convoyage qu’elles conçoivent, fabriquent et installent chez leurs clients. Leur force ? Un bureau d’études interne de 15 collaborateurs, des ouvriers hyper spécialisés et des équipements leur permettant de travailler la tôle. Et de tester rapidement des mécanismes. « Nous sommes quasiment que dans du sur-mesure », explique Hervé Deflandre, dirigeant de l'entreprise familiale. Créée en 70, celle-ci compte 80% de clients dans l’agroalimentaire, pour un volume de ventes de 5 M€. Häagen Dasz, Delacre font partie de ses donneurs d'ordre, et plus dernièrement Coca-Cola, qui a équipé une de ses usines belges de sa dernière innovation. Baptisé « buffer », l’engin de 10 mètres de long, assorti d’une partie rétractable, adapte la longueur du trajet des produits sur le tapis roulant. Et amortit les changements de rythme des lignes de conditionnement, qu’ils soient dus à des vidanges ou des arrêts machines. « Il n’y a plus d’accumulation de produits sur le tapis, ni de pression, la circulation est fluide », ajoute Hervé Deflandre. Le dispositif fonctionne par ailleurs sans guide métallique ni rouleau, facteurs de trous dans le filmage des produits. « Les emballages sont de plus en plus fins, donc très fragiles. Or les rebuts coûtent très chers ! Là, il n’y a plus aucun choc, aucun frottement», poursuit l’entrepreneur.

99% de rendement

Très prudent sur les chiffres, l’entrepreneur glisse néanmoins atteindre des pics de 99% de rendement, quand la moyenne est plutôt autour de 80%. Mais les bénéfices ne se limitent pas là. L’absence de guides changés manuellement à chaque nouveau format de produit permet également des gains de temps et de fiabilité. Paradoxalement plus simple que les précédentes générations de machines, celle-ci requiert moins de moteurs, et est donc moins gourmande en énergie. Un dépôt de brevet en cours doit protéger ce qu’André Pecqueur, patron de la Brasserie de Saint-Omer qualifie d’innovation majeure. Sa future ligne d’embouteillage, mise en service en juin 2013, en sera équipée. «A ma connaissance, ce sont les seuls au monde à faire ça, nous allons gagner 10 000 canettes par heure, c’est considérable ! », témoigne le brasseur. Un premier brevet couvre déjà le « people mover », un tapis développé spécifiquement pour les besoins de l’usine Toyota. « En quinze jours, nous avons mis au point un prototype, ça a plu aux japonais», ajoute modestement le dirigeant. Imaginatives, les équipes de Savime mettent aussi au point des systèmes de convoyage aseptiques pour l’industrie pharmaceutique. A bon entendeur…

Marie Raimbault