Sirs cartographie les maux de la terre

La déforestation est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre, autant que le transport. Jean-Paul Gachelin n'est pas à la tête d'une société dédiée à la protection de l'environnement, mais lui et ses équipes sont aux premières loges pour observer la dégradation des terres émergées du globe.

L'image satellitaire est en effet la matière première de Sirs (pour Systèmes d'information à référence spatiale). Elles sont captées sur des stations de réception et téléchargées par liaison haut débit. A ces données sources s'agrègent un travail indispensable sur le terrain, où se rendent en véritables enquêteurs les ingénieurs de projets, les vieilles cartes et les images d'archives, et Google Earth, outil complémentaire de visualisation.

Large spectre

Observation des croûtes de désertification au Sahel et mise au point d'un outil d'analyse de leur évolution, cartographie d'un parc naturel au Malawi pour évaluer sa capacité de stockage du carbone, suivi de la ressource en eau sur un secteur aride d'Inde pour prévenir la vulnérabilité des agriculteurs au changement climatique, cartographie des foyers potentiels de malaria à Dakar, ou de la déforestation dans le bassin du fleuve Congo dans le cadre d'un programme des Nations Unies visant à la réduction des émissions de CO2... Voilà quelques missions auxquelles sont attelées les équipes de Jean-Paul Gachelin. Mais Sirs s'attache aussi aux agglomérations françaises. Ainsi du travail de cartographie et d'analyse mené pour mesurer l'urbanisation de Nantes entre 1952 et 2004. Connaître l'évolution des villes, aider à la prospective et à la décision, un autre rayon du spectre de la Pme, seule en France à offrir une activité si diversifiée.

Son premier contrat, c'est la Région qui le lui a confié en 1990. Un chef de service a su faire confiance à une start-up, résume le dirigeant. Le Nord-Pas-de-Calais était alors la première région française à se doter d'une cartographie des milieux naturels à partir d'images satellitaires.

Pluridisciplinaire

Géologue, Jean-Paul Gachelin s'est spécialisé dans la physique du rayonnement lors de l'apparition du premier satellite d'observation de la terre. En doctorat, j'ai préféré passer à l'opérationnel. Il crée Sirs en 1989 qui compte rapidement six personnes. Après s'être maintenu quelques années autour de 20, l'effectif a atteint les 50 au terme d'une croissance importante depuis cinq-six ans. Croissance Nord-Pas-de-Calais et Nord Création, au capital, ont permis de financer la phase de développement, et un bon coup de main d'Oséo, l'innovation. Nous accompagnons M. Gachelin depuis 2002. C'est une entreprise au beau potentiel d'innovation qui a su s'adapter à de nouveaux marchés, diversifier son CA, engager des investissements en R&D pour atteindre une dimension européenne, témoigne Hélène Cannard, d'Inovam.

Dans une ambiance feutrée, par pools de travail studieux, s'activent des compétences très pointues. Recrutée dans les compétences allant des sciences dures aux sciences humaines et naturelles, l'équipe est pluridisciplinaire. Les nouveaux venus sont formés pendant trois ans aux technologies maison. Un pôle R&D une dizaine de personnes est piloté par l'universitaire Christophe Sannier, ex-enseignant chercheur au Royaume-Uni.
La problématique environnementale, très présente, est portée par des financements européens. Mais d'autres applications vont de la cartographie pour des systèmes français d'arme munis de super GPS au contrôle réglementaire de la bonne application des politiques publiques, comme la surveillance de la cabanisation ou des terres agricoles. Le foncier est une ressource non renouvelable au même titre que le pétrole. Si on construit sur des terres agricoles, la probabilité qu'elles redeviennent agricoles est infime.