SNCF Voyageurs invente le TER autonome en région

Un train autonome sans conducteur : c’est le proto que la SNCF développe au côté d’un consortium dont Alstom Crespin. Objectif : Mise en circulation commerciale en 2027.

Plus de trains, plus fluides et plus écologiques par l’automatisation. C’est le crédo de SNCF Voyageurs, filiale de la SNCF en charge de la circulation des trains voyageurs. A l’été 2018, elle a constitué un consortium pour inventer, dans l’ex- Nord - Pas-de-Calais, le train de demain : un TER électrique autonome « de niveau 4 ». Autrement dit sans conducteur. Deux ans et une pandémie plus tard, où en est-on ? Toujours sur les rails du technicentre de la SNCF à Lille. Où SNCF Voyageurs et ses partenaires* ont mis au point un proto de TER Regio 2N, modifié et équipé par Alstom Crespin (ex-Bombardier).

En mars dernier, étape cruciale, la première phase d’essais a démarré. Pendant une semaine, le TER a mené une vingtaine d’allers-retours à différentes vitesses entre Aulnoye et Busigny, puis Busigny et Calais. A bord, techniciens et ingénieurs du projet ont pu tester les systèmes de perception et de reconnaissance des signaux le long de la voie, et le dispositif de géolocalisation, notamment par satellite, du train. La phase 2 s’est tenue en mai sur le réseau ferré national à Busigny. Elle a permis de maîtriser la semi-autonomie du prototype, ainsi que l’autonomie de l’accélération et du freinage, supervisée par un conducteur. L’ultime phase des essais s’opérera en juillet : le Regio 2N sera lancé à 140 km/h sur 35 km en environnement réel, sur une ligne occupée par d’autres trains en service commercial.

Deux années durant, la rame TER Regio 2N alternera entre essais et circulation commerciale en conduite normale. Lors des trajets commerciaux, des données seront collectées pour améliorer la performance des algorithmes de reconnaissance des signaux situés dans l’environnement du train. L’enjeu pour SNCF Voyageurs ? La maîtrise en autonomie complète de son prototype mi-2023. Avant le lancement de la phase industrielle, suivie de la mise en circulation commerciale à horizon 2026-2027.

Plus de trains, plus d’emplois

« Nous avons une vision du système ferroviaire du futur dans lequel nous pouvons introduire plus de trains, donc transporter plus de voyageurs, et proposer une meilleure qualité de services », expose Luc Laroche, directeur du projet train autonome SNCF. Selon qui la région Hauts-de-France a tous les atouts pour accueillir cette révolution ferroviaire, avec un « écosystème particulièrement favorable, avec la présence de grands industriels tels Alstom mais aussi celle de l’autorité nationale de sécurité ferroviaire l'EPSF », souligne-t-il.

Côté emplois, le TER autonome mobilise déjà 150 personnes, dont 10 à temps plein et 40 à 50 ETP. Demain ? Frédéric Guichard, directeur régional de SNCF Voyageurs, envisage « une augmentation des emplois, entraînée par la hausse du nombre de trains en circulation. Certains emplois évolueront, tandis que de nouveaux apparaîtront. La formation sera donc un point essentiel. Nous y travaillons en interne ».

La SNCF pilote en parallèle un projet similaire dans l’Est avec un prototype de train autonome dédié au fret. Avec le TER autonome, l’ensemble représente un budget de 57 M€ sur cinq ans (2018-2023), répartis à parts égales entre la SNCF, ses partenaires et Railenium (aides publiques).

*Alstom Crespin, Bosch, Spirops, Thales et l’Institut de Recherche Technologique Railenium