Sondage Attractivité : l'égo métropolitain enfoncé !

Market Audit a conduit pour Eco121 un sondage sur l'attractivité de la métropole lilloise en appui à notre enquête. Le constat est sans appel : les décideurs jugent sévèrement cette attractivité. Avec en toile de fond de grosses faiblesses en terme d'accessibilité et d'incarnation. 

Etude réalisée par Internet sur un échantillon de 284 dirigeants de la rtégion Hauts-de-France entre le 6 et le 18 février 2019

Le commentaire du sondeur, PETER VAN VLIET

n des risques du métier de son- deur est l’a priori sur les résul- tats d’une étude, qui peut jouer lors de la conception même des questions. Tout en étant im- partial, on ne peut s’empêcher d’avoir une idée préalable des résultats. Mais il arrive, malgré des années de spécialisation dans la compréhension des individus, d’être sur- pris par des résultats. Quand nous décidons en février d’interroger les décideurs de la région sur l’attractivité de la métropole, nous savons bien que dans l’inconscient collectif, c’est un endroit où il pleut, où il fait froid, où les gens parlent bizarrement (!), et qui n’est donc pas par nature très attractif. Mais il nous paraissait que la fierté des habitants de cette métropole, qui y tra- vaillent, y entreprennent, débordent de res- sources et d’imagination, ferait la balance. Quelle erreur ! Pendant un instant, nous aurions pu penser avoir interrogé des dirigeants mar- seillais !

Enorme talon d’Achille : la mobilité

Première question, la note spontanée sur l’at- tractivité perçue de la métropole lilloise est de 6,6 / 10. Une note très mauvaise. En-dessous de 7, on n’atteint pas la moyenne selon nos cri- tères. Premier coup de massue.

Alors on pose d’abord la question « Quels sont les points attractifs dans la métropole lilloise ? » La situation géographique ressort en tête, loin devant tous les autres items. Plus pré- cisément, nous sommes par les hasards de la géographie au carrefour de Londres, Bruxelles et Paris. Un endroit idéal pour fréquenter l’une ou plusieurs de ses trois villes. Mais, sans ces trois capitales, serions-nous aussi attractifs ? Clairement non.

Au-delà, bien d’autres points forts apparaissent aux yeux de nos décideurs, dans leur diversité : dynamisme, culture, écoles et université, en- treprises, patrimoine, la population, l’accueil... Mais quand il s’agit d’évoquer nos points faibles, une forme de plébiscite négatif porte sur un seul thème, même s’il porte différents noms : trans- ports, mobilité, réseau routier, circulation, ac- cessibilité. Un consensus profond, qui fait d’ail- leurs écho à un sondage sur la mobilité paru dans ces colonnes en novembre, très gros su- jet de préoccupation des milieux économiques.

Humilité ou défaut de fierté ?

Selon les décideurs nordistes que vous êtes, la métropole lilloise ne joue pas dans la cour des grands. En France, hors Paris, vous classez notre métropole derrière Lyon, Bordeaux et Nantes, globalement au même niveau que Toulouse et Strasbourg. L’étude EY citée dans ces colonnes démontre aussi ce décalage entre la réalité économique très forte de notre mé- tropole et celle perçue.

La comparaison européenne ? Ce n’est guère mieux. Les villes européennes auxquelles nous nous comparons en termes d’attractivité sont Vienne, Zurich, Prague, Hambourg et Cologne. Tandis que Munich fait pratiquement jeu égal avec Copenhague ou Stockholm ! Près de 16 villes millionnaires en Europe sont à vos yeux plus attractives que la métropole lilloise. Y com- pris des villes comme Zurich, Munich ou Milan, qui ne sont pas des capitales.

On parle ici de perception, et non d’une quelconque analyse économique ou sociale. L’humilité fait certes partie intégrante des caractéristiques des habitants du Nord. Mais à ce point, l’humilité peut ressembler à de l’absence de fierté !

Marketing territorial : peut mieux faire !
L’attractivité est au coeur de la compétition entre métropoles et régions d’Europe. D’où le lancement simultané des marques « Haut & fort » pour la Région, et « HelloLille » pour la MEL. Les marques sont très récentes et leur appui en terme de communication encore émergent. A ce premier stade, l’adhésion des décideurs ap- paraît fort médiocre, avec une note de 5,4/10 pour la première et 5,1/10 pour la seconde. Que proposent les décideurs pour hisser notre attractivité ? D’abord, et sans surprise, améliorer la circulation, réduire la thrombose. Ensuite, vient la question du leadership. La portée d’une voix forte au niveau de la métropole est importante. Or, parmi les personnalités qui incarnent le mieux la métropole, le président de Région -au périmètre institutionnel pourtant bien plus vaste, occupe la première marche, suivi de deux chefs d’entreprise certes charismatiques, mais octogénaires, Bruno Bonduelle et Gérard Mulliez. La maire de Lille n’arrivant qu’en 4e position. De façon très étonnante, nombreux sont ceux qui regrettent le feu Pierre Mauroy, classé 10e... devant Damien Castelain, actuel patron de la MEL ! La société civile est également bien représentée, les chefs d’or- chestre ancien et actuel de l’ONL arrivant res- pectivement 6e et 16e. La disparité des réponses montre un défaut de représentant incontesta- ble pour la métropole lilloise. Beaucoup de son- dés demandent au demeurant la fin des guerres intestines au profit d’une union sacrée (ville, MEL, Région, département...) pour gagner en efficacité et en visibilité.

Pour résumer, les décideurs nordistes sous-éva-luent manifestement l’attractivité de la métro- pole eu égard à la réalité économique, sociale et culturelle. Un constat qui interroge, pour po- ser les bases d’un travail de reconquête en profondeur face aux autres métropoles

 

 

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