Sondage : Nos chefs d'entreprise las mais combatifs

Alors que la région subit son troisième confinement, nous avons voulu interroger les décideurs sur leur perception des mesures prises, leur état d'esprit sur l'impact personnel et pour leur entreprise de cette crise si difficile à endiguer, et leurs perspectives. Résultat : une résilience toujours aussi présente, mais une lassitude désormais très perceptible. Revue de détail.

 

Un  an après le début de la crise sanitaire en France, le virus circule toujours intensément, obligeant l'Etat à instaurer un troisième confinement dans notre région, avec de nombreuses fermetures de commerces. Une politique de stop and go face à laquelle les entreprises font contre mauvaise fortune bon cœur. 37% des dirigeants estiment que leur entreprise est désormais bien adaptée pour y faire face, et presque autant (38%) se disent capables d'y répondre « même si ça reste compliqué à mettre en œuvre ». Seul un sur dix le vit comme un choc ou comme un nouveau défi à relever. Globalement, on sent les dirigeants très sensibles sur ce sujet, avec une réactivité de réponses à notre questionnaire la plus rapide depuis qu'Eco121 organise ce type de consultations.

Un optimisme sanitaire ... sine die


72% des répondants se montrent optimistes sur la résolution de la crise sanitaire, entre confinement et vaccination. Un peu moins d’un sur cinq pense que le virus sera définitivement terrassé, un sur deux veut le croire, mais sans en être persuadé. Moins de 5% estiment que la crise sanitaire perdurera. Pour l'année qui vient, seul un petit tiers estime la crise bientôt terminée, et seuls 13% se disent pessimistes pour plusieurs années. Une majorité de 56% se dé- clare hésitante et sans visibilité sur la fin de crise.

 

Des modifications profondes

Les décideurs interrogés considèrent majoritairement que cette crise va laisser des transformations profondes dans la vie de l'entreprise. 86 % déclarent que les changements perdureront tout ou partie après la crise sanitaire. Les deux tiers estiment que le lien avec les salariés a été transformé mais préservé, mais plus d’un sur cinq (21,5%) pointe une dé- gradation de ce lien, un chiffre qui n'est pas du tout négligeable. A l'inverse, une petite minorité de 16,4% constate un renforcement des liens avec les équipes à l'issue de cette période chaotique.

Quant au fameux « monde d'après », seul un entrepreneur sur dix pense qu'il sera la copie conforme du précédent, tan- dis que près d'un sur quatre (24,2%) le voit très différent de l'époque antérieure. Et une majorité des deux tiers envisage un monde “un peu” différent.

« Fatigue, confiance fragile »

Eco121 a par ailleurs posé des questions ouvertes sur l'état d'esprit personnel des dirigeants, leur perception sur la situation de leur entreprise, et enfin sur leur vision du monde d'après.

Concernant leur état psychologique, les réponses sont par définition toutes individuelles, mais plusieurs résument assez bien la ligne générale : « optimiste, las, aller de l'avant », fatigue, confiance fragile », « adaptabilité, fatigue », « fatigué, enthousiaste, inquiet », « marre, changement, usure ». S'il ne faut pas marginaliser quelques irréductibles optimistes, « offensif, déterminé et heureux ! », ou « combattant, fédérateur et optimiste », la lassitude se lit de façon criante dans les réponses.

Quelle vision ont-ils de leur entreprise au bout d'un an de crise ? Les décideurs sont nombreux à manifester une grande inquiétude:  « Nous allons disparaître », « dépôt de bilan », « management compliqué », « très mal », « inquiet », « ras-le-bol », « confiant mais lourdement impacté », « confiant mais fatigué », « sentiment de fragilité et de dépendance extrême à la situation sanitaire et économique ». Un dirigeant tacle : « mon entreprise s'adapte aux insuffisances des gouvernants ». Un autre s'inquiète : « Il faut changer le modèle sans moyens car épuisement de la trésorerie ».
Mais un nombre important de dirigeants ont un discours plus positif. « On veut y croire », écrit l'un, « à l'écoute des opportunités, adaptabilité, prudence » dit un autre, « combatif, imaginatif, engagé », propose un troisième. La résilience est largement revendiquée ainsi que la capacité d'adaptation des entreprises. Mais à trop s'adapter, n'y a-t-il pas un risque ? « Sur le qui-vive, l'extrême souplesse peut provoquer un claquage », sourit un dirigeant.

 

Quel monde d'après ?

On l'a vu plus haut, près de 9 répondants sur 10 évoquent un monde d'après un peu ou totalement différent. Mais leur lecture de l'avenir est extrêmement hétéroclite. Souvent nettement négative. « Plus clivé », « risqué tendu, peu soli- daire », « déprimant », « digitalisé, sécuritaire (trop ?) et surveillé (tracé ?)... et les libertés ? », « en danger, inven- tif, inégalitaire », « désolant », « fracture sociale, perte de libertés individuelles, déclassement de la France à l'échelle mondiale », « méfiant », « réduction de la consommation non essentielle , risque d'exagération dans le télétravail qui peut "tuer" les relations en entreprises », disent les uns.

On sent aussi chez beaucoup d'autres une envie d'y croire, avec notamment un tropisme environnemental marqué. Le monde sera « frugal, local, digital », « plus écolo, plus malin optimisé », « plus responsable, plus prudent, plus ouvert au défis (notamment climatiques) », « écoresponsable, opportunités, connecté », « numérique, écologique, hystérique ». Un décideur pointe « une crise révélatrice sur les problèmes environnementaux qui commencent à être pris à bras le corps », et un autre juge que que la crise appelle désormais une « nécessaire décroissance »

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