Sylvain Waserman, PDG de l'ADEME : "La transition écologique passera par les territoires"

Eco 121 a rencontré le PDG de l'ADEME Sylvain Waserman lors d'un déplacement à Arras. L'occasion pour cet homme au double profil d'entrepreneur et d'élu local d'évoquer l'action de l'Agence et ses priorités en région.

A peine élu à la tête de l'ADEME, vous avez souhaité réaliser un premier tour de France, suivi aujourd'hui d'un second, pourquoi ?

Ce qui nous intéresse, c'est l'échelle du territoire, car la transition écologique réussira par les territoires. L'investissement, l'innovation, sont à cette échelle. Lors de mon premier tour de France initié après avoir été élu, j'avais rencontré Frédéric Motte (Président de la mission Rev3, conseiller régional), et suivi avec intérêt la démarche Rev3, et j'ai été très heureux de voir comment l'ADEME pouvait ici aller un cran plus loin. Très récemment, j'ai échangé avec le président de Région Hauts-de-France Xavier Bertrand. Parmi nos priorités communes figurent les friches et leur reconversion, qui peut s'avérer une solution par rapport au zéro artificialisation nette, et la démarche Rev3.

Quelles évolutions souhaitez-vous apporter dans la politique de l'ADEME ?

Il faut d'abord continuer à développer un dialogue quasi quotidien avec les élus. On a lancé un réseau « Elus Partenariat pour agir », qui organise des évènements tout au long de l'année, ainsi que des réunions de 2 heures chaque trimestre avec nos meilleurs experts, et on partage. Qu'il s'agisse d'informations sur le changement climatique, nos dispositifs, les aides, les actions. Ce réseau rassemble déjà 2 800 élus au plan national dont 280 dans les Hauts-de-France.

La deuxième action majeure vise le monde économique et la manière d'accompagner sa décarbonation. Nous avons des dispositifs en direction des grandes entreprises à travers France 2030, avec des enveloppes, des jurys et des appels à projets structurés. Pour les acteurs plus petits, nous avons lancé l'outil national « Mission Transition Ecologique » avec Olivia Grégoire, alors ministre chargée des Pme, du commerce, de l'artisanat et du tourisme. L'idée est de permettre à n'importe quelle Pme du territoire de s'y retrouver de façon simple, à travers un questionnaire d'une quinzaine de questions, avec son Siret, en fonction desquelles l'ADEME va pousser des offres pertinentes. Nous avons par ailleurs inventé un système tremplin très simple pour les petits tickets à partir de 5 000 euros.

Les entreprises sont aujourd'hui largement engagées dans les actions de décarbonation. Faudra-t-il aller au-delà ?

Un jour, ce qui comptera sera de pouvoir prouver la solidité des plans de décarbonation. En a-t-on un, d'abord ? Ensuite, est-il suffisamment évalué ? Les acteurs bancaires commencent déjà à flécher leurs fonds en fonction de ces critères. En effet, l’ADEME en partenariat avec le Carbon Disclosure Project (CDP) a lancé un outil baptisé ACT qui permet aux entreprises et aux institutions bancaires d'évaluer leur stratégie de décarbonation. C’est le cas en particulier de la Banque de France, qui a formalisé un partenariat avec l’Agence. Derrière cela, il s'agit de rendre tangible et de transformer ce qu'on fait en matière de décarbonation en avantage concurrentiel, en élément différenciant par rapport aux clients, aux marchés privés, publics et vis à vis du financement.

Le climat est aux réductions de dépenses publiques. L'ADEME risque-t-elle d'être affectée ?

Le budget de l'ADEME a fait fois quatre en quatre ans. Il existe une forme de consensus politique républicain sur le fait qu'il existe de vrais enjeux majeurs qu'il faut accompagner, et c'est précisément le rôle de l'ADEME. J'invite les collectivités et les entreprises qui souhaitent être accompagnées dans leur transition écologique à se rapprocher de la direction régionale ADEME Hauts-de-France : https://www.ademe.fr/direction-regionale/hauts-de-france/