Synopia planche sur la cohésion à Lille

Le think tank Synopia, qui se veut « laboratoire des gouvernances », a tenu une journée de réflexion collective à Lille, sur le thème de la cohésion au travail. Avec le général de Villiers pour grand témoin.

 

"C'est un atelier à ciel ouvert, avec des intelligences venues de tous les horizons, et l'idée que l'on soit féconds, utiles pour améliorer le vivre ensemble et le travailler ensemble ». Alexandre Malafaye, fondateur du groupe de réflexion Synopia posait ainsi les bases de la première académie Synopia à Lille, accueillie le 26 novembre au conseil régional, mais en version largement virtuelle, crise sanitaire oblige. Une session soutenue aussi par Entreprise & Cités et son président Jean-Pierre Letartre. « Entreprise & cités, c 'est une formidable fabrique à solutions par la coopération. Donc la cohésion fait partie de nos thématiques. La crise n'a pas révélé mais a accentué encore la nécessité de ce « co ».

Une crise qui impacte en effet fortement la relation au travail, les liens sociaux, suscite des angoisses, sur la perte du travail, érode la confiance. « On aurait pu penser que la covid aurait pu être une sorte d'antidote à l'archipélisation. au bilan, cette crise a plutôt comme effet non pas d'accélérer les fractures mais de les mettre davantage sous le projecteur », analyse Jérôme Fourquet, de l'IFOP. D'où la nécessité pour les dirigeants d'un pilotage fin. « Il doit incarner à travers son leadership ce qui apparaît comme le plus juste et le plus inspirant pour la communauté alentour. Il ne faut pas rater cette sortie de crise, embarquer le maximum de monde à bord, s'as- surer qu'on est sur le même bateau et qu'on partage toujours le même cap et la même vision », estime Didier Le Bret, ancien ambassadeur et consultant.

Escalier social

Pour Xavier Bertrand, « les gouvernants doivent absolument essayer de donner des perspectives. Il faut du leadership, mais en équipe. Tout seul, c'est impossible d'incarner cette cohésion et il faut que la politique soit à hauteur d'homme et de femme». Un enjeu d'autant plus important que pour le président de Région, « en matière de crise économique et sociale, le pic est devant nous ».

La rencontre lilloise a aussi été l'occasion pour le général Pierre de Villiers, ex-chef d'Etat major des armées, de donner sa vision de la cohésion. « C'est une exigence pour la performance, dans la crise plus que jamais. Quand la crise se tend, il faut cultiver la fierté d'appartenance et le sens du collectif ». L'ancien militaire décrit une règle des 4 « C » pour décider : concevoir, convaincre, conduire et contrôler. Mais ce qui est valable dans la grande muette l'est-il pour la société civile ? 

Ce modèle n'est certes pas duplicable mais il est un univers de valeurs riche d'enseignements parmi lesquels ce que le général appelle l'escalier social, et non l'ascenseur : « l'ascenseur, ça monte tout seul, alors que chaque marche demande un effort ». Et d'énumérer les grandes valeurs de l'armée : sincérité, loyauté, esprit d'équipe, courage, autorité (« mais pas l'autoritarisme ! »), respect, bon sens, temps long...

Qu'en retirer face à cette crise ? Qu'elle exige de la confiance, « premier carburant de l'autorité, qui crée l'obéissance d'amitié, d'adhésion » ; de la subsidiarité, mais aussi de la stratégie, - « on a trop de tacticiens ! », et du leadership, qui réclame de l'exemplarité. « Il nous faut des chefs qui soient des absorbeurs d'inquiétude et des diffuseurs de confiance », juge le général, qui veut « réconcilier la France avec elle-même ». « Vaste programme ! », aurait dit un autre Général.