Le e-learning monte en puissance

L'univers de la formation continue connaît une profonde réinvention. Apprentissage des langues, de l'Histoire, du marketing ou encore du management, pour certains étudiants, la nouvelle année scolaire se fera à la maison. Ils sont déjà des milliers à suivre une formation diplomante sans mettre un pied dans un amphithéâtre ou une salle de cours. Ces étudiants ont choisi le e-learning, la formation à distance, pour les non initiés. Les établissements français tous azimuts montent en ligne pour proposer cette nouvelle pédagogie, complémentaire à celle dite en presentiel (in situ). Dans les Hauts-de- France, selon le recensement de la Fedération inter-universitaire de l'enseignement à distance, l'Université de Lille propose 20 formations en ligne et 8 pour l'Université Jules Vernes d'Amiens. C'est sans compter les grandes écoles qui réadaptent elles aussi leurs cursus. A l'instar de l'Edhec qui a lancé il y a quelques mois son unité "Edhec Online" avec une centaine d'étudiants sélectionnés sur dossier. L'évolution des outils numeriques a largement contribué à la democratisation de la formation à distance. Dans les années 90, les enseignants envoyaient les cours par courrier. Aujourd'hui, une simple plateforme en ligne permet d'accéder, de conserver et de télécharger les supports écrits ou vidéos et d'assister aux cours en direct.

L'opportunité de se reformer

Mais à qui s'adresse ce type de formation ? En grande partie des trentenaires salariés, vivant en France ou à l'étranger, dont une majorité de femmes, et ayant des revenus plus faibles que d'autres étudiants, selon le directeur de l'Edhec Online Benoît Arnaud. Généralement, la formation en ligne est une réponse dans leur quête d'évolution de carrière, voire de reorientation. "Ce sont souvent des personnes qui n'ont pas eu les moyens de formation. Aujourd'hui, ils ont cette chance de se former tout en gardant leur source de revenus", poursuit-il.

L'avantage ? Exit les contraintes horaires et les trajets interminables dans les transports. Mais ce choix repose sur un maître mot : l'autonomie. Les élèves aménagent en effet leur emploi du temps librement, sans échapper à quelques impératifs comme la remise des travaux ou encore la présence (physique) aux examens. Mieux vaut donc avoir la tête sur les épaules et être motivé pour ne pas décrocher ! D'après Benoît Arnaud, "le domaine des neurosciences a récemment révélé que les élèves apprennent aussi bien chez eux qu'en formation en présentiel." Les professeurs de l'Edhec auraient quant à eux la possibilité de suivre l'avancée de leurs élèves. Pratique pour l'accompagnement de chacun et pour re- motiver ceux qui afficheraient une baisse de régime. Et "essentiel pour un enseignement de qualité".

Les cursus en e-learning ont de beaux jours devant eux. Le digital devient une manière de travailler et, parallèlement aux domaines de formation, les outils d'apprentissage sont en constante évolution. Quant aux étudiants, ils seront toujours plus nombreux, estime Benoît Arnaud. A elle seule, l'Edhec vise les 1 000 diplômés par an à horizon 2025 rien que pour ses formations en ligne.

Questions à Pierre-Antoine Rucart, étudiant de la formation CSM de l'Edhec

"Reprendre une formation est un vrai investissement personnel"

Depuis novembre 2017, le directeur des opérations de la société villeneuvoise Lokéo (groupe Boulanger) suit la formation à distance Cycle supérieur de management de l'Edhec. Avec pour visée de gravir les échelons professionnellement.

A 32 ans, vous revenez en partie sur les bancs de l'école. Pourquoi ?

Pour deux raisons. La première, parce que j'ai un niveau Bac +4 et ce sans être passé par les grandes écoles. Cette formation d'un an était l'opportunité d'enrichir mon CV, de surcroît avec un cursus d'une école de renom. La seconde raison est une motivation professionnelle. Mon poste actuel me permet de toucher beaucoup de secteurs et d'avoir une vision 360. Cependant les choses ont évolué depuis la fin de mes études il y a une dizaine d'années. Il me fallait une remise à niveau avec une nouvelle pédagogie. J'y pense depuis un moment, c'était le moment de me lancer. Je m'éclate toujours autant dans mon métier mais plus tard je souhaite évoluer dans le groupe Boulanger qui est en pleine mutation. Il y aura des opportunités que je veux saisir. Mais pour cela, je devais être formé aux nouvelles exigences du marché.

Vous suivez la formation Cycle supérieur de management (CSM) de l'Edhec. Pourquoi cette école plutôt qu'une autre ?

J'ai pris le temps de me renseigner sur le programme de plusieurs écoles, jusqu'au jour où j'avais le choix entre deux : Skema et l'Edhec. Ce qui a fait pencher la balance c'est surtout l'organisation que le cursus allait me demander. Skema est une très bonne école mais m'obligeait à être un ou deux jours par semaine à l'école. Ce qui était impossible ! Je ne peux pas me permettre d'être aussi souvent absent du travail. L'Edhec répondait à mes exigences et me permettait d'allier vie privée, vie professionnelle et nouvelle vie scolaire. Il y avait également le côté “développement du savoir-être” avec l’accompagnement d’un coach durant tout le cursus. 

En quoi consiste le CSM ?

Il est à 95% à distance. Les 5% restants sont les regroupements trimestriels de 3 jours en moyenne. C'est une formation généraliste (théorique et pratique) de management pour des personnes déjà en poste et à celle en reconversion. Concrètement, nous avons accès à une plateforme pour télecharger les supports de cours, il y a aussi des cours d'environ 1h dès 18h30 animés en direct par un professeur ou un intervenant extérieur, des exercices à faire en groupe ou seul... Et un dossier à rendre individuellement en fin de formation pour la valider. 

Une formation soutenue qui demande une nouvelle organisation quotidienne donc...

Oui, c'est assez déstabilisant au début ! Je n'ai pas encore d'enfants mais je suis en couple. C'est un nouveau rythme à prendre chaque jour, un gros changement qui déborde sur la vie privée... Mais c'est pour la bonne cause ! J'ai dû réorganiser ma vie professionnelle aussi. J'ai informé ma directrice genérale de ma volonté de suivre cette formation. Parfois, je dois m'éclipser des réunions en fin de journée pour assister à mes cours en live. D'où l'importance de bien s'entendre avec sa direction. La mienne me soutient. Reprendre une formation est un vrai investissement personnel.

Et financier...

Aussi ! Entre 17 et 18 K€ environ. La moitié a été prise en charge par l'OPCA et le reste, financé de ma poche. Ce qui reste un financement consequent. J'ai épargné pendant quelques années, heureusement ! Aujourd'hui, je vois le bout du tunnel et c'est une fierté personnelle.

Recueilli par Julie Kiavué

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