Thrombose : les décideurs proches de la crise de nerfs

Un chauffeur lillois perd en moyenne 50 heures par an dans les bouchons - soit l'équivalent d'une semaine et demi de travail ! Nous avons souhaité interroger les chefs d'entreprise sur cette problématique récurrente dans le débat public. Les résultats révèlent une crispation suraiguë.

Près de 6 dirigeants interrogés sur dix estiment le problème crucial. Si on y a joute ceux qui le considèrent « sérieux », on arrive à un ensemble de 90%, proche du plébiscite. Ils sont moins de 1% à trouver accessoire ou sans importance ce sujet. Cette affirmation est confortée par la réponse des décideurs sur l'impact économique de l'embolie routière. Là encore, c'est une majorité écrasante (81,3%) qui déplore un « coût économique significatif », (rendez-vous ratés, marchés perdus, pénalités...). Seuls 10,4% considèrent le contraire. 

Spécificité lilloise

Il est intéressant de constater que si les bouchons sont perçus comme une scorie classique du développement des métropoles et grandes villes, il existe une spécificité lilloise pour près de 6 décideurs sur dix.

Les entreprises sont-elles passives face à cette situation grave ? Bien au contraire, elles anticipent les difficultés de circulation très tôt, dès leur implantation. Près de 7 dirigeants sur 10 (78,2%) soulignent avoir tenu compte de la problématique pour localiser leur entreprise. Très frappant aussi, ils sont près d'un sur deux à envisager de déménager (ou à l'avoir déjà fait) pour des motifs de transports.

Les chefs d'entreprise semblent de plus en plus nombreux à conscientiser non seulement la problématique mais aussi leur rôle individuel. 37% indiquent ainsi avoir déjà mis en place des actions spécifiques pour apporter des réponses. Et près de 20% supplémentaires sont prêts à sauter le pas. Seuls 44% des répondants indiquent ne pas avoir travaillé la question.

Quelles mesures ont-ils mises en place ? Massivement, la première réponse qui émerge est la mise en place d'horaires décalés. Un dirigeant nous indique avoir réduit d'une demi-heure l'heure d'arrivée. « Mais c'est encore insuffisant ! », écrit-il. Un autre renchérit : « J'ai mis en place les les horaires décalés, mais ce n'est valable qu'un temps, car tout le monde décale ! » Beaucoup de dirigeants évoquent aussi le développement du covoiturage. Mais la deuxième réponse la plus nombreuse porte sur le télétravail en très fort développement. Certains le mettent en place en cas de grève, d'autres le systématisent dès que possible, en l'adossant à des vidéoconférences (avec certaines plaintes en parallèle sur la mauvaise qualité du haut débit informatique). Parmi les actions mises en place, notons aussi cette entreprise qui a instauré une navette entre son siège et le métro pour favoriser les transports en commun. Certains ont institué une prime pour l'utilisation du vélo, l'un évoque le finacement de vélos électriques. D'autres sont plus radicaux en indiquant vouloir quitter le centre de Lille pour l'une, ne plus travailler sur Lille pour l'autre et donner ses rendez-vous à ses interlocuteurs hors centre ville pour une troisième. 

Le tram Lille-Lesquin plébiscité

Et quelle mesure les chefs d'entreprises attendent-ils aujourd'hui ? Deux projets recueillent la majorité des suffrages, à commencer par le futur tramway entre Lille centre et l'aéroport de Lesquin. auquel adhèrent les deux tiers de nos répondants. L'autre sujet consensuel est l'augmentation des places dans les parkings relais à l'entrée de la métropole.

O.D

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UN SONDAGE DERRIERE LE SONDAGE 

Si notre métier consiste à recueillir des données et à les analyser, il y a en réalité un sondage derrière le sondage : le nombre, la vitesse de réaction et la qualité des réponses données sont autant de résultats indirects riches d’enseignements. Ici, il s’agit presque d’un cas d’école : un sondage lancé auprès des chefs d’entreprises – cible déjà fortement sollicitée, un lundi matin qui suit une semaine où les jours fériés se disputaient les jours chômés, il est clair que nous nous attendions à devoir faire une ou deux relances pour obtenir un échantillon significatif. 

Lundi soir, soit moins de 8 heures après le lancement du sondage, les premiers chiffres tombent : déjà plus de 200 responsables ont répondu. Rarement un sujet avait mobilisé autant et aussi fortement !

Et qualitativement, le compte y est : la question ouverte en fin de questionnaire, dont on sait qu’elle est souvent peu remplie, est là extrêmement riche. Plus de 200 personnes nous ont donné leur avis sur le sujet, et chacun en s’exprimant sur un texte de près de 200 caractères !

Alors, si les résultats de l’étude sont sans appel, la mobilisation et l’intérêt des chefs d’entreprise pour cette enquête démontre, s’il le fallait par ailleurs, l’ampleur du problème qui y est posé.

Suffira-t-il d’une ènième assise de la mobilité pour répondre à leurs attentes ? En tous cas, le problème est véritablement d’envergure.


Peter Van Vliet, Market Audit 

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Publié le 30/05/2018 Olivier Ducuing Sondage

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