Thrombose : Questions à Philippe Hourdain

Le monde consulaire alerte depuis des années sur la congestion routière. Apparemment sans grand succès...
Cela fait des années en effet, depuis Bruno Bonduelle, et j'ai porté le dossier moi aussi. On peut dire que ça n'a pas avancé et que ça a même reculé jusqu'à ces temps derniers. Mais j'ai senti que le sujet est devenu tellement prégnant que désormais il y a non seulement écoute, mais volonté d'agir. On a eu une réunion à la CCIR avec Xavier Bertrand, Damien Castelain et le Préfet de région, puis le lendemain une séance du Comité Grand Lille consacrée au sujet, où on a senti publiquement un état d'esprit commun.

La CCI a apporté sa propre réponse logistique de centre ville il y a quelques années avec le CMDU. Est-ce que ça marche ?
Ca n'intéresse strictement personne alors qu'on a investi près de 7 M€ ! La logistique du dernier kilomètre demande des infrastructures. Nous on travaille seuls. On a créé au port de Lille la trimodalité. Avant, les conteneurs arrivaient par camions. On a gagné 100 000 camions en moins sur les routes grâce aux lignes directes Marseille-Lille, Bordeaux-Lille, Toulouse- Lille. Il y a une activité débordante sur le port et on parle de trains qui viendraient d'Allemagne. C'est une réponse rationnelle, objective. 

Les chefs d'entreprise jouent-ils assez le jeu ?
Eux aussi poussent à utiliser le train, le vélo pour leurs salariés. Ce qui fait que ça bouge, c'est que le Préfet annonce des mesures de régulation en cas de pollution. Tout le monde se dit qu'on peut arriver à la coercition. Ca provoque l'électrochoc chez les acteurs économiques. 

En attendant, l'embolie routière est récurrente. Etes-vous optimiste sur la résolution du problème, notamment grâce à l'intelligence artificielle ?
J'ai de l'espoir mais on est quand même dans l'urgence. Pour de grandes infrastructures comme le contournement sud est de Lille, c'est foutu. Mais il faut des pistes cyclables, le train Lille-Lesquin, le CMDU... L'intelligence artificielle ou la technique comme les péages positifs peuvent améliorer l'existant, mais elle ne font qu'aider l'intelligence collective. On peut aussi réguler ou encore travailler sur des voies réservées... Mais la solution, c'est l'appropriation par l'ensemble des acteurs et l'intelligence collective. Je relève par exemple que très peu de collectivités ont un PDE (plan de déplacement d'entreprise), c'est quand même un comble ! Il faut pousser les salariés à pratiquer la multimodalité, le tout voiture, c'est fini. Le monde économique doit s'approprier ces sujets et être acteur

Recueilli par O.D.

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