Tout royaume divisé contre lui-même...

Je m'étrangle ce petit matin du 25 février en ouvrant mon quotidien régional. Sur cinq colonnes à la Une, La Voix ose jeter en pâture au grand public qui n'en demandait pas tant ce que les initiés du microcosme régional connaissaient depuis longtemps : Martine Aubry et Daniel Percheron ne s'aiment guère et leurs entourages encore moins. La belle affaire ! Comme si les citoyens de cette région avaient besoin de ça pour calmer leurs angoisses face à une crise qui n'en finit pas. Comme si les querelles d'égos et les luttes de pouvoir au sein des écuries présidentielles de Solferino les passionnaient.

La région pleure. Comme un enfant pleure au spectacle de  parents qui s'envoient la vaisselle à la figure. Les aimant tous les deux, il refuse de prendre parti pour l'un ou pour l'autre.

Bien qu'ayant voté contre le traité européen, Daniel Percheron veut ancrer la région à l'Europe rhénane d'où sa volonté de créer cette troisième gare TVG sur l'axe Paris-Köln, Paris - Amsterdam. La fille de Jacques Delors, bien que foncièrement européenne, refuse cette "gare des betteraves" de crainte d'affaiblir Lille-Europe pourtant en voie de saturation et partant, Euralille. Le Président, pour permettre au bassin ex-minier de combler son retard de développement économique et social, veut l'ancrer à la Métropole. Il prêche par conséquent pour ce RER Lille-Lesquin-Seclin-Carvin-Hénin. La Présidente quant à elle, ne voit pas l'intérêt pour la Métropole de cet espace vital, ce lebensraum, de crainte de saupoudrer les efforts d’investissements. Comment la convaincre que pour résister à l'attraction du Grand Paris, un Grand Lille de deux millions d'âmes est plus fort qu'une métropole qui n'en compte qu'un ?

Ainsi, les deux personnalités politiques les plus brillantes que compte cette région, appartenant pourtant toutes deux au même parti, toutes deux sociales-démocrates et de surcroît toutes deux soucieuses du bien public, se déchirent sous le regard attristé de leurs électeurs à coup de "Bassin miné! " pour l'une, de "tsarine!" pour l'autre. Des citoyens qui aimeraient leur rappeler ce verset biblique "tout royaume divisé contre lui-même court à sa ruine".

Bruno Bonduelle