Toyota-Onnaing fête ses 20 ans avec la Yaris Cross

Cérémonie feutrée le 10 novembre chez Toyota Onnaing, pour fêter les 20 ans de l'usine nordiste, dont l'implantation aura puissamment régénéré le territoire. TMMF mise gros désormais sur son second véhicule, le prometteur SUV Yaris Cross.

 

Fin des années 1990 : Valenciennes affiche un taux de chômage de plus de 22%, la déprise industrielle est très marquée, l'espoir commence à faire défaut. Mais un « dossier internationalement mobile » va transformer fondamentalement le paysage du Hainaut. Il s'agit de Toyota, dont le nom n'était pas connu au départ, qui va finalement retenir ce territoire. Sous la conduite de Jean-Louis Borloo, flanqué d'un sous-préfet dédié pour faciliter l'implantation (Laurent Fiscus), préfigurant la réforme de l'Etat, le Valenciennois va dérouler le tapis rouge et sonner la mobilisation générale autour de ce projet qui se révélera décisif dans la renaissance du territoire.

Au départ en 2001, l'usine assemble 400 Yaris par jour en deux équipes avec 2000 salariés. Aujourd'hui, l'usine est montée à 1000 véhicules/jour, bientôt 1200, dont 85% pour l'export, avec près de 5000 emplois en trois équipes. Le constructeur japonais a investi 1,5 milliard d'euros dont 400 M€ depuis quatre ans. Mieux, la Yaris est devenue la voiture du segment B la plus vendue en Europe.

Une aventure de deux décennies que Toyota a fêtée le 10 novembre sans excès de flonflons (crise sanitaire et crise des composants électroniques obligent), devant quelque 200 partenaires dont Cécile Gallez, l'élue locale qui fut aux premières loges du dossier et le président de région Xavier Bertrand.  « Je l'assume, j'aime la voiture depuis que je suis enfant. Aujourd'hui on continuera à aimer et à aider la voiture. C'est un outil de plaisir et de liberté, ça fait partie des besoins essentiels », a-t-il déclaré fortement, soulignant aussi que derrière un emploi industriel, ce sont trois emplois induits.

Didier Leroy, président du conseil d'administration de Toyota Motor Europe, a longuement évoqué – non sans humour- les premières heures de l'usine dont il fut le pionnier. «Même ma mère m'a appelé en me disant : qu'est-ce que tu vas faire chez Toyota ? », raconte celui le transfuge d'alors de Renault. « A l'époque, tous les constructeurs n'avaient qu'une idée en tête : il n'est plus possible de construire un véhicule en Europe occidentale . (…) On ne s'est jamais laissé déstabiliser, grâce à vous. Mais bien sûr qu'il faut produire localement, ça fait 20 ans qu'on le dit ! Ne soyez pas inquiets pour l'avenir de ce site !», assène le capitaine d'industrie natif du Nord.

L'usine nordiste est désormais engagée dans une nouvelle étape stratégique avec le lancement du SUV Yaris Cross, sur l'un des segments les plus porteurs du marché (+ 25% attendus d'ici à 2024), où Toyota n'était pas présent. « On a de grandes ambitions, pour monter à 165 000 véhicules par an et être dans le top 5 », a lancé Jim Crosbie, président de TMMF ( Toyota Motor Manufacturing France). La seule usine française de Toyota pourrait alors atteindre les 300 000 véhicules par an. De quoi projeter de belles perspectives en dépit d'un climat très lourd à court terme qui pèse sur la filière automobile régionale du fait des pénuries graves affectant le secteur des semi-conducteurs et qui fragilise sévèrement la trésorerie des équipementiers.

 

La députée LR Cécile Gallez, qui était présidente de la Communauté de communes de la vallée de l'Escaut lors de l'implantation du constructeur nippon, a eu le mot de la fin, non sans émotion : « Toyota, ça a été un énorme rayon de soleil qui a illuminé tout le Valenciennois ». Sans doute un peu emphatique, mais finalement très vrai.