Transitions : les agriculteurs, McCain et la banque verte font cause commune

Ici, l'usine McCain de Béthune lors d'une visite de la ministre de l'industrie Agnès Pannier-Runacher il y a quelques mois Ici, l'usine McCain de Béthune lors d'une visite de la ministre de l'industrie Agnès Pannier-Runacher il y a quelques mois

Région. McCain et le Crédit Agricole lancent un dispositif de financement original pour les producteurs de pommes de terre qui s'engagent dans l'agriculture régénératrice.

McCain, le Crédit Agricole et les producteurs de pommes de terre pour l'industrie (GAPPI) font cause commune pour une agriculture plus vertueuse. Derrière un accord tripartite signé en mai dernier au Village by CA, ce sont de nouveaux paradigmes qui tentent d'être mis en place  dans notre région au profit d'une agriculture respectueuse de la terre, alors que l'appauvrissement des sols tout comme le réchauffement climatique menacent. Concrètement, le Crédit Agricole (quatre caisses régionales concernées) prévoit une première enveloppe de 40 M€ pour proposer des financements privilégiés à des agriculteurs sous contrat avec McCain et qui s'engagent dans la mise en œuvre de pratiques d'agriculture dite de régénération. Concrètement, ils pourront prétendre à des emprunts à raison de 2 000 € par hectare de production de pommes de terre, McCain prenant en charge le remboursement des intérêts, tandis que les prêts seront accordés sans frais de dossier et sans garantie. Il s'agira par exemple de financer du matériel pour le travail de la terre, des nouvelles techniques de protection des plantes, des systèmes d'apport d'eau, cite en exemple Bertrand Achte, agriculteur et président du GAPPI. Le géant canadien des frites surgelées se fixe l'objectif de mobiliser 100% de ses 800 agriculteurs partenaires autour de l'agriculture de régénération d'ici 2030. 

Cet accord pourrait susciter l'intérêt et le soutien d'autres grands de l'industrie agroalimentaire, tels Roquette ou Bonduelle. « On a ouvert la voie à quelque chose mais on invite aussi les autres entreprises à rejoindre ce collectif pour une agriculture de régénération », lance Leslie Camus, vice-présidente Agriculture Europe continentale de McCain. D'autant que le mouvement n'est pas si simple. « On ne remet pas en cause aussi facilement des habitudes culturales. Je pense que les agriculteurs mettront le temps à s'engager », reconnaît Bertrand Achte, qui pointe que la culture de la pomme de terre s'inscrit dans un schéma d'exploitation complet avec des rotations, impliquant un certain degré de risque. Le Crédit Agricole se montre quant à lui très volontariste. « On aimerait enclencher quelque chose avec un effet multiplicateur beaucoup plus important. On sera aidé par la réglementation qui pousse les organismes financiers à avoir plus d'actifs verts », souligne Philippe Gonnet, directeur entreprises au Crédit Agricole Nord de France.