Très gros temps pour Genfit

Lille. Née en 1999, la biopharma lilloise vient de subir un grave échec sur sa molécule phare Elifibranor. Qui lui a valu une descente aux enfers en bourse.

 

Les dirigeants -et les actionnaires- de Genfit se souviendront longtemps du 12 mai 2020. Le cours de la biopharma lilloise, cotée en bourse, s'est littéralement effondré ce jour là, passant de 20 euros la veille à 5 euros, avant de remonter légèrement. Au point de focaliser l'attention des analystes boursiers. Explication : le marché sanctionnait une annonce extrêmement attendue de l'entreprise concernant un candidat médicament sur lequel il fondait de très grands espoirs sur la NASH, une maladie du foie (la stéatohépatite non-alcoolique). L'ambition était d'en faire un « blockbuster », ces médicaments capables de générer un milliard de dollars de revenus annuels. La molécule était arrivée en phase clinique 3, à un cheveu du Graal. Patatras ! « Elafibranor n’a pas démontré d’effet statistiquement significatif sur le critère principal de résolution de la Nash sans aggravation de la fibrose », annonce sobrement l'entreprise ce jour là. En clair, « l'échec est total car ni le critère principal, ni les critères secondaires d'efficacité n'ont été atteints », résume sans fard le cabinet spécialisé Invest Securities. L'avenir de l'entreprise est-il menacé ? Créée en 1999, l'entreprise historique d'Eurasanté aura consommé un niveau de fonds propres impressionnant, mais avec des perspectives prometteuses. Elle perd aujourd'hui son principal projet, mais conserve quelques atouts importants : un outil diagnostique NASH, susceptible de générer des revenus, et des espoirs de l'elafibranor pour une pathologie proche de NASH, la cholangite primaire. Mais cette maladie a une fréquence bien moindre et offre donc des perspectives bien moins impor- tantes. Genfit dispose encore d'une autre molécule contre NASH, qui devrait entrer en phase 2 prochainement. Le directeur général de Genfit Patrick Prigent indique qu'il présentera une "nouvelle orientation stratégique globale plus tard dans l’année". On peut imaginer des secousses dans l'organisation de l'entreprise, qui compte 200 salariés dans trois implantations, à Lille, Paris et aux Etats-Unis.

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