Un écosystème de l'eau riche : trois exemples

Toute une série d'entreprises spécialistes de l'eau déploient leurs savoir-faire dans la région, à l'exemple de Techsub, près d'Arras Toute une série d'entreprises spécialistes de l'eau déploient leurs savoir-faire dans la région, à l'exemple de Techsub, près d'Arras

Techsub, l'eau dans l'ADN 

Pour ses 25 ans, l'entreprise arrageoise de travaux sous-marins investit 3 M€ dans un nouveau siège-vitrine.

Les travaux sous-marins sont le premier métier de Techsub. L'activité se traduit par des plongées d'entretien dans des stations d'épuration ou en milieu hostile, permettant la maintenance sans rupture d'activité. Une spécialité très pointue dans laquelle Techsub s'est fait un nom à l'échelle nationale, où elle figure désormais parmi les incontournables, derrière deux majors. Elle vient par exemple d'achever le rééquipement de la station de Beauvais, un chantier d'un an et d'1 M€. Deux agences ont ouvert d'abord à Brives puis à Montélimar en 2018 pour mieux mailler le territoire français. Ce secteur des plongées en milieux industriels et toxiques représente encore un tiers de l'activité, confortée depuis plusieurs années par des travaux en centrale nucléaire (sous-marins mais aussi sur corde). Techsub intervient aussi de façon moins spectaculaire sur des barrages ou des ports comme sur l'extension du port de Calais.

Techsub a aussi plusieurs petites sœurs, nées de la diversification. Aquagéo, lancée en 2012 (16 équivalent temps plein aujourd'hui), déploie des solutions d'étanchéité de bassins ou de stockage de déchets ; Aquago quant à elle s'est spécialisée dans des solutions de brassage de l'eau de lacs ou de lagunage à base d'énergie renouvelable. Cette niche ne pèse encore que quelques centaines de milliers d'euros mais recèle un potentiel, estime la dirigeante Hélène Szulc, qui a repris le contrôle du groupe en 2016 avec deux des co-cofondateurs, après une longue parenthèse dans le giron de Le Floch Dépollution. Le groupe compte aussi une filiale aux Emirats Arabes Unis (12 salariés), née d'une opportunité de marché, et une participation dans Alaé, un acteur des travaux sur cordes en industrie dans le sud du pays. De quoi varier les secteurs et mieux résister aux chocs conjoncturels, et de quoi anticiper une « croissance douce » espère Hélène Szulc

 

Des drones contre la pollution de l'eau

A Amiens et Lille, la start-up Arteka développe des procédés de détection par drone d'anciens aménagements ou de pollutions du milieu aquatique.

 

Née à Amiens en 2018, Ar- teka commence à s’imposer dans la détection par drone. Initialement spécialisée dans le repérage de vestiges historiques grâce à l’analyse multispectrale, la start-up a rapidement étendu son protocole à d’autres champs d’activité, dont l’environnement. Ses images ultra-précises et facilement interprétables permettent en effet de repérer les traces laissées par une activité humaine sur un milieu, d’anciennes voiries, des impacts de bombes, d’anciens aménagements... Baptisée Flyteka, cette spécialité intéresse déjà le groupe Suez. Un projet de repérages d’anciennes canalisations du XIXe siècle est en cours dans la région des Flandres. « Notre objectif consiste à repérer d’éventuelles pollutions de l’eau, liées par exemple à des dépôts de munitions ou simplement à des décharges sauvages. Nous avons testé notre système sur des pollutions liées aux batteries et les résultats sont concluants. Nous allons poursuivre avec les hydrocarbures », annonce Cyrille Chaidron, co-fondateur. Les techniques de détection, déployables sur tous types de terrains et par toutes saisons, doit aussi permettre à terme d’identifier des plantes victimes de pollution.

« Nous en sommes aux prémices. Les premiers résultats sont très encourageants », poursuit-il. En parallèle, Arteka dont le siège est désormais à Lille, mène des travaux d’analyse avec des musées de la région et s’apprête à lancer, pour le compte du ministère des Armées, un travail de repérage d’engins explosifs enterrés.

 

Delabie en pointe contre le gaspillage d'eau

A Feuquières-en-Vimeu, le leader européen des équipement sanitaires collectifs imagine des appareils économisant jusqu'à 90 % d'eau. 

 

Qui dit Covid dit nécessairement lavage plus fréquent des mains et donc surconsommation d’eau. La lutte contre le gaspillage dans les lieux collectifs passe non seulement par la sensibilisation mais aussi par l’adoption de nou- veaux matériels plus économes. Dans le Vimeu, le leader européen de la fabrication de robinets et d’appareils sanitaires pour les collectivités imagine ces nouvelles générations d'appareils très innovants. «Avec la pandémie, la fréquence de lavage des mains a été multipliée par trois, le temps de lavage par deux. Avec une robinetterie classique, le savonnage peut durer entre 40 et 50 secondes. Ainsi la surconsommation en eau chaude et eau froide est devenue énorme et peut atteindre près de 60 litres d’eau par jour et par personne ! Il est urgent d’installer systématiquement dans tous les lieux publics des robinetteries assurant à la fois une hygiène maximale et des économies d’eau », explique Luc Delabie, co-dirigeant de l’entreprise éponyme.

La PME qui emploie quelque 300 personnes dans son usine de Friville-Escarbotin, met ainsi au point des systèmes automatisés intégrés sur les équipements : solutions de temporisation régulant la durée de l’écoulement d’eau, robinets ou urinoirs dotés de capteurs de mouvement, mais aussi une fonction « rinçage » périodique permettant de lutter contre la prolifération bactérienne. Selon l'entreprise, les solutions proposées peuvent économiser jusqu’à 90 % d’eau en fermant le robinet automatiquement après le mouillage et le rinçage des mains ainsi qu’en limitant le débit à 3 litres au lieu de 9 litres habituellement. «Ces appareils correspondent aux critères des meilleurs labels environnementaux existants », se félicite Luc Delabie. Pour qui cet argument pourrait, à l’heure de la relance « verte », contribuer à accélérer la croissance du groupe. En dix ans, celui-ci a déjà doublé son chiffre d’affaires.

 

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