Un numéro vert unique en région face à la crise : 03 59 75 01 00

L'Etat veut relancer la machine économique, à commencer par le secteur du BTP, avec des garanties suffisantes.  Il s'agit aussi de répondre aux interrogations des patrons en plein brouillard. L'Etat veut relancer la machine économique, à commencer par le secteur du BTP, avec des garanties suffisantes. Il s'agit aussi de répondre aux interrogations des patrons en plein brouillard.

La CCI de Région, l'Etat via la Direccte, le Conseil régional et la chambre des métiers mutualisent leurs moyens et une centaine de collaborateurs en télétravail pour créer une plateforme apportant les réponses aux chefs d'entreprise particulièrement secoués par la crise sanitaire. Opérationnelle dès le 23 mars. 

L'embolie de l'économie régionale depuis une petite semaine de confinement suscite une réaction forte des milieux économiques associés à l'Etat et au conseil régional. Une plateforme d'appel sera pleinement opérationnelle dès lundi 23 mars pour répondre à toutes les problématiques des entreprises, lourdement déstabilisées par la crise sanitaire. Les fermetures se sont accélérées à une vitesse inouïe, les paiements inter-entreprises se crispent, les salariés en appellent de plus en plus à leur droit de retrait, le chômage partiel a explosé en quelques jours. Il y avait clairement le feu et un risque d'arrêt total du tissu économique.

La plateforme offre aux entreprises un numéro vert  - 03 59 75 01 00 -, associant tous les acteurs, afin de juguler le cycle infernal. Ce numéro, ouvert à partir de lundi 23 mars, est accompagné, sur le site de la CCI de Région (https://hautsdefrance.cci.fr) d'un document très complet (déjà disponible) recensant toutes les aides et dispositifs mis en place par les différents acteurs, sur les reports de charge, l'accélération des paiements, les mesures bancaires et financières, et le soutien à l'activité. Il sera mis à jour en continu.

Observatoire de la continuité économique

Ce dispositif fait suite à un Observatoire régional de la continuité économique, présidé par le préfet la semaine passée, ayant pour vocation de surveiller la santé du tissu économique régional, mais aussi d'assurer un lien permanent avec toutes les filières et les entreprises, afin de comprendre leurs attentes. L'objectif sous-jacent pour l'Etat est de permettre d'abord aux entreprises qui le peuvent de reprendre l'activité, dans des conditions sanitaires sécurisées. « Le confinement n'est pas l'arrêt ou l'incarcération de l'économie », martèle Paul-François Schira, sous-préfet et bras droit du Préfet de région pour piloter l'observatoire. Or les fermetures se sont multipliées à très grande échelle depuis l'annonce du confinement le 16 mars, entraînant en quelques jours seulement un véritable tsunami économique.

Secteur emblématique, le BTP. « La plupart des chantiers, à l’exception des travaux se déroulant en espace vide, ne peuvent pas continuer dans des conditions sanitaires garanties », expliquait vendredi 20 mars Benoît Loison, président de la Fédération français du Bâtiment pour le Nord et le Pas-de-Calais, représentant 10 000 entreprises et 78 000 salariés, hors intérim. La ministre du Travail Muriel Pénicaud s'était plainte sur RTL du manque de civisme et du « défaitisme » des entreprises du BTP, une prise de parole très mal vécue par les professionnels, soucieux de protéger leurs salariés. Vendredi, la fédération régionale des travaux publics « invit(ait) les entreprises à arrêter leurs chantiers, si ce n’est déjà fait. »

Autant dire que la communication a lourdement failli la première semaine de confinement, avec une injonction contradictoire en toile de fond sur le thème : « restez chez vous, mais allez au travail ». Avec en corollaire une multiplication des droits de retrait de salariés s'estimant menacés. « Le droit de retrait, c'est quand il y a un risque grave pour la santé et non pour une psychose généralisée », répond le sous-préfet Schira.

« La France doit rester au travail »

« Il faut bien sûr que ces chantiers reprennent ! On ne peut pas continuer comme avant, mais il faut trouver les moyens de notre résilience. La France doit rester au travail », explique Paul-François Schira à Eco 121, évoquant sans ambages le risque de tomber dans une crise de défiance généralisée. L'incompréhension très manifeste entre les branches du bâtiment et des travaux publics et le gouvernement a donné lieu à d'intenses discussions vendredi et un accord a pu être trouvé autour d'un protocole sanitaire permettant de relancer les chantiers sous condition de protection garantie des salariés.

La reprise du travail n'est pas gagnée. Sur le réseau Linkedin, très utilisé par les communautés de dirigeants, beaucoup d'entre eux critiquaient sèchement l'idée de prime de 1000 euros pour pousser les salariés à travailler. « J’ai décidé le confinement et je l’assume, expose par exemple Francis Ciuch, patron du groupe éponyme (Tourcoing). Et nous cherchons comment nous sortirons progressivement de cette situation de contamination, j’ai un cas dans mon entreprise et je l’assume. Alors vous assumez de faire travailler vos salariés ? », interroge -t-il.

Sur le même réseau social, le groupe plasturgiste Dhaze (Leers) indique au contraire reprendre l'activité pour fournir des plaques de plexiglas qui permettraient de protéger les caissières, entre autres. De quoi trouver un terrain d'entente pour relancer la machine économique ?

Crédit inter-entreprise

Car la crise de défiance affecte aussi le crédit inter-entreprises, totalement stratégique pour permettre à l'économie de fonctionner. Il représente le montant astronomique de 70 milliards d'euros à l'échelle des Hauts-de-France. Or le risque est que les entreprises bloquent leurs paiements, et aillent d'emblée rechercher les aides directes. Or les banques viennent d'être puissamment dotées, avec une garantie gigantesque de la Banque Centrale Européenne, à hauteur de 750 milliards d'euros, permettant une réponse à la hauteur des enjeux. Sur Linkedin, Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole, donnait l'exemple pour son groupe Bio Cleaning, « s'engag(eant) à payer ses fournisseurs en respectant les délais de paiement dans cette période de crise », et en appelant à ne pas bloquer les paiements fournisseurs.

Dès la semaine prochaine, un conseil de financement Hauts de France va être structuré sous la présidence du Préfet Michel Lalande, avec le secteur bancaire, pour suivre les dossiers, comme le lait sur le feu.