Unither investit 68 M€ pour produire des vaccins en unidoses

Amiens. Le spécialiste des unidoses stériles s'attaque au marché des vaccins. Une unité dédiée va voir le jour, capable de produire 1 milliard de doses par an.

 

"Nous avons un besoin urgent de renverser les choses : d’une majorité de vaccins allant dans les pays riches à une majorité allant dans les pays pauvres ». Cet été, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, tirait la sonnette d’alarme concernant l’urgence à renforcer la couverture vaccinale des pays en développement. Pour y parvenir, encore faut-il lever deux des principaux freins à la vaccination : son coût et sa complexité de mise en œuvre. Une partie de la solution pourrait venir d’un Français : le picard Unither Pharmaceuticals, connu pour être le leader mondial des unidoses stériles, des fioles en polyéthylène basse densité, qui peuvent contenir du collyre, des solutions dés- infectantes, des traitements contre l’asthme et désormais... des vaccins. Le façonnier va en effet investir 68 M€ dans la construction d’une extension de 6 000 m2 sur son site d’Amiens. Une usine dans l’usine en quelque sorte, où sera produite la nouvelle technologie développée par le groupe : des systèmes d’injection, basés sur le principe des unidoses, auxquelles sont ajoutées une aiguille. Un concept simple, donc rapide à fabriquer en masse. « Notre objectif est de produire à terme un milliard d’unités par an », annonce Eric Goupil, Pdg du groupe. Le système pourrait abaisser les coûts, mais surtout faciliter l’emploi des vaccins en évitant par exemple, les pertes de produit ou les contaminations éventuelles liées à l’utilisation d’un flacon. D’ici cinq ans, cinq lignes de production seront construites, de quoi employer 200 opérateurs supplémentaires sur le site où travaillent déjà 300 salariés. Unither est, pour l’heure, en négociation avec les principaux fabricants de vaccins contre la Covid-19, mais pas seulement. L’objectif du groupe est aussi de produire des solutions contre certaines maladies, encore trop courantes dans les pays en développement, comme la rubéole ou la diarrhée sévère du nourrisson, selon Eric Goupil. Ce projet illustre la volonté des pouvoirs publics de retrouver une souveraineté en matière de capacités industrielles pharmaceutiques. La moitié de l’investissement, soit 34 M€, sera financée par l’Etat via l’appel à manifestation d'intérêt (AMI) Capacity Building, visant à réduire la dépendance européenne. Un résultat positif de la crise, en somme.