Emmaüs Wambrechies s'attend à une vague sociale

“Un troisième confinement serait très compliqué pour nous” Olivier Morel, Emmaüs Wambrechies. “Un troisième confinement serait très compliqué pour nous” Olivier Morel, Emmaüs Wambrechies.

Face à la précarité grandissante, la communauté nordiste prend le taureau par les cornes. Elle a lancé des initiatives solidaires pour répondre aux besoins de son territoire, mais la crise pèse sur ses comptes.

Octobre 1954. Six mois après l’appel de l’abbé Pierre, un in- dustriel du Nord décide d’apporter sa pierre à l’édifice et de venir en aide aux plus démunis. Après celle de Paris, la communauté de Wambrechies est la deuxième de France à voir le jour. La première en province. Près de 70 ans plus tard, Emmaüs Wambrechies a bien grandi. A ce jour, elle héberge, nourrit et emploie une cinquantaine de Compagnons sur son « village ». Le plus ancien y habite depuis plus de 40 ans, raconte le président, Olivier Morel. A la tête de la communauté, bénévolement, depuis seulement deux ans, ce chef d’entreprise de 62 ans est un habitué des lieux de longue date. Petit, il y passait quelques uns de ses après-midi au côté de ses parents et de sa grand-mère, première bénévole d’Emmaüs Wambrechies. « A l’époque, la communauté était un peu comme une seconde famille. Les gens qui y rentraient ne repartaient plus, se souvient-il, nostalgique. Aujourd’hui, c’est devenu un peu le tremplin de certains qui nous rejoignent quelque temps, avant de partir lorsque leur situation le leur permet ».

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Face à une paupérisation croissante, Emmaüs Wambrechies « s’adapte aux circonstances » et muscle son action de lutte contre la précarité. Dernières initiatives en date : Emmaüs Logement et Emmaüs Famille. La première propose aux personnes en difficulté des logements en location dans la métropole lilloise à petits prix. La seconde, à l’exemple des Restos du Cœur, vend des paniers repas aux familles wambrecitaines défavorisées. « On a cette volonté d’aider le plus de personnes possible, à la hauteur de nos moyens », confie Olivier Morel.

Aggravation fin 2021

L’engagement dans les valeurs emmaüsiennes du président bénévole ne date pas d’hier. Depuis 20 ans déjà, il distribue de la soupe à Lille les week-ends d’hiver. « Les premières années, je partais à la recherche des SDF pour leur proposer ce bol de soupe chaude. Petit à petit, ils venaient directement à notre camion, et de plus en plus nombreux. Certains soirs, surtout en fin de mois, je peux servir entre 70 et une centaine de personnes. Je n’en vois pas le bout ! », raconte t-il. Une population plus nombreuse, mais aussi plus diversifiée ; des personnes logées mais en grandes difficultés, des mères de famille, mais aussi des jeunes. « Cette distribution est très importante car, pour tous ces gens, ces deux repas offerts par semaine comptent beaucoup », poursuit Olivier Morel. Doit-on s’attendre à un « boom » de la demande post pandémie ? « J’en suis convaincu, répond Olivier Morel. Mais il est encore tôt pour l’évaluer. L’économie est sous perfusion. Lorsque ce ne sera plus le cas, il y aura de la casse. Notamment au niveau social. Je m’attends à une aggravation de la situation fin 2021 ».

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Côté finances, la Covid n’a pas attendu pour laisser son empreinte. Les confinements de l’an dernier ont contraint Emmaüs Wambrechies à suspendre ses ventes (95% de ses recettes). Les huit semaines de fermeture de son magasin entre mars et mai ont représenté un manque à gagner de 350 K€ pour la communauté, qui a dû vivre sur ses réserves. « Comme tout le monde, nous avons des charges, des assurances, des factures à payer. Le tout, sans subventions de l’etat. Un troisième confinement serait très compliqué à vivre pour nous », estime son président.

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