Vers une industrialisation régionale de la rénovation thermique ?

Région. Dans le sillage des plans de relance et du Green Deal européen, plusieurs acteurs majeurs de la région s'associent pour bâtir une vraie filière de la rénovation thermique. Objectif : industrialiser les process pour réduire les coûts et attaquer frontalement les passoires thermiques.
Va-t-on enfin assister à la naissance d'une vraie filière d'avenir permettant de massifier et donc de réduire les coûts de la rénovation thermique des logements ? C'est en tout cas l'ambition émergente de plusieurs acteurs majeurs de la place : Rabot-Dutilleul, EDF, Vitamine T et d'autres encore discrets, dans le sillage des plans de relance.
« Ces dernières années en France, on a souvent aidé ou généré la demande avec des accompagnements financiers, des aides, des subventions. Mais il est important en parallèle de développer une stratégie d'offre, de constituer une filière avec une montée en compétence, une coordination entre acteurs, pour former des équipes », plaide François Dutilleul, patron du groupe éponyme. Ce dernier a été un des premiers à s'intéresser au concept né aux Pays Bas d'Energy Sprong, qui vise à isoler un logement en apportant des façades et des toitures d'un seul tenant. Un premier chantier démonstrateur a été réalisé à Hem (photo), sur dix logements, un autre estlancé avec Vilogia à Wattrelos sur 150 logements.
« On n'a pas de résultats probants montrant qu'on réussit à baisser les coûts de façon significative en réhabilitant par l'extérieur avec une seconde peau », doute Dominique Soyer, directeur général du bailleur Maisons & Cités, héritier du parc de logements miniers, qui réhabilite déjà 2000 logements par an. Néanmoins sur certains types de logements très ciblés, les logements Camus, le bailleur tente une standardisation, avec Vilogia, de réhabilitation par l'extérieur. « Pour nous, ça ne peut être que sur une typologie particulière d'habitat ».
Alignement de planètes
EDF est prête à relever le défi, en ciblant en effet sur les quelque 400 000 logements reconstruits après guerre, avant les premières normes thermiques arrivées en 1974 après la première crise pétrolière. «Ce sont des bâtiments très énergivores, où l'on peut proposer des solutions plus ambitieuses qui se rentabilisent plus facilement », expose Philippe Cers, responsable du programme rénovation à la direction régionale d'EDF. Pour cet expert, « notre conviction est qu'il y a pas mal de planètes qui s'alignent sur la rénovation » : priorité nationale, plan de relance des Hauts-de-France, plan rev3, tandis qu'EDF est déjà lancé dans cette démarche via deux de ses filiales, une historique, Dalkia, pour les gros chantiers, une bien plus récente, Easy by EDF, qui propose aux particuliers des lots de travaux sécurisés, en s'adossant à un réseau d'artisans.
L'industrialisation pourrait-elle avoir cette fois plus de succès ? L'enjeu est de réduire fortement les charges locatives, avec des chantiers créateurs d'emplois locaux, dans des délais courts, utilisant des matériaux biosourcés produits dans des usines locales, et sur des volumes de grande échelle. «En dix ans, l'éolien et le photovoltaïque ont réduitleurs coûts par un facteur dix. Il serait incompréhensible de ne pas se mettre dans cette démarche dans la rénovation », estime PhilippeCers, qui imagine un objectif de 80 à 100 000 rénovations dans les dix ans.
Le défi n'est pas mince. « La majorité des opérations sont complexes techniquement et en terme d'organisation car on travaille beaucoup en site occupé », concède François Dutilleul, qui voit là en revanche un gisement énorme de productivité grâce précisément à une logique partenariale et d'amélioration continue, de type industriel, capable de réduire drastiquement les délais et d'améliorer la qualité. « On est dans La région où ça peut se passer », dit-il, visant en premier lieu les grands donneurs d'ordre.
L'ambition serait de présenter une offre opérationnelle avec ses partenaires dès 2021.
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