Vianney Mulliez livre son regard sur le sens du travail

 

[caption id="attachment_18964" align="alignleft" width="400" caption="Vianney Mulliez interrogé par le journaliste philosophe Bertrand Revillion"][/caption]

 

Le centre spirituel du Hautmont, à Mouvaux, tient ce week end un séminaire de réflexion sur le thème : « le travail a-t-il encore un sens ? »

En guest star pour ouvrir cette session animée par le journaliste Bertrand Révillion, Vianney Mulliez, président de Groupe Auchan. Ce dernier s'est prêté vendredi soir à une séance inédite de questions réponses avec des jeunes, de statuts et conditions variés. « Cette question sur le sens du travail est-elle une question de riche, de pays occidental, qui témoigne d'une forme de burn-out gigantesque du monde du travail ? », interroge Bertrand Révillion. Vianney Mulliez, un des grands patrons français les plus discrets, a beaucoup évoqué le modèle spécifique d'Auchan, rappelant son triptyque de valeurs : confiance, partage et progrès (dans l'ordre), soulignant, que même dans les pays émergents, aux conditions socio-économiques très différentes, les collaborateurs fonctionnent « dans les mêmes dynamiques ».

 

« Si l'on considère que le travail n'est qu'un contrat - en l'échange de l'énergie produite par le collaborateur, une rémunération est perçue -, pour l'efficacité même de l'entreprise, on n'ira pas très loin. On serait à côté de la plaque pour la raison d'être de l'entreprise », qui est certes de servir ses clients, développer le projet initié par les fondateurs, « mais aussi contribuer au développement des hommes et des femmes de l'entreprise ». Il faut donc travailler sur la motivation et la dynamique humaine. Pour le dirigeant du groupe familial, dont 12% des parts appartiennent aux salariés, « l'entreprise devient une des dernières organisations structurées qui permet aux gens de se repérer » dans une société en grande difficulté. Mais, souligne-t-il, « la quête de sens va bien au-delà de la quête du travail ».

Interrogé sur l'accroissement du stress au travail, Vianney Mulliez élargit le sujet aux transports, la sécurité, l'avenir des enfants, etc... : « Il y a beaucoup plus de stress en général. On en veut beaucoup au monde du travail, mais quand on n'en a pas, on lui en veut encore plus ». Le dirigeant considère qu'il devient désormais impossible de séparer complètement vie personnelle et vie professionnelle. « Je mesure qu'il peut y avoir des abus. La clé tient dans le respect et la considération des personnes. Considération, respect, écoute, attention, sont la seule réponse».

Le débat s'est achevé sur une interpellation plus personnelle.  « Vous,Vianney Mulliez, qu'est-ce qui vous fait rêver ? » « Faire œuvre utile », répond simplement le patron du groupe de distribution, qui a martelé sa responsabilité première de pérenniser un groupe non pas seulement de 268 000 salariés, mais de 268.000 foyers. « Si un jour je me rendais compte que je n'étais plus utile, je me dépêcherais de faire autre chose ! »

OD