Virus: gros coup de tabac prévisible sur l'économie régionale

Le secteur événementiel est le premier à dévisser à cause du covid-19. Derrière la crise sanitaire, une crise économique d'ampleur pourrait frapper les entreprises régionales. 

Le monde économique n'avait pas vu venir le coup de tabac. Venu de Chine, le covid-19 a contaminé notre économie sans prévenir, à une vitesse incroyable. A l'arrêt de la production chinoise a succédé la propagation du virus en Italie et en France, avec des mesures de restriction, de confinement et une psychose concomitante qui ont tétanisé le pays en quelques jours. Et la crise n'est qu'à ses débuts à en croire le président de la République. « Nous sommes au tout début de cette épidémie », a t-il lâché le 10 mars. Aussi le coup de tabac risque-t-il de se transformer en crise sévère, avec un risque majeur pour les entreprises privées d'activité et donc de chiffre d'affaires pour une période indéfinie.

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Pour l'heure, le secteur de l'événementiel est évidemment et de très loin le plus impacté. Le secteur pèse très lourd dans la métropole lilloise, haut lieu de spectacles, de tourisme d'affaires et d'événements en tous genres. Pas moins de 35 000 personnes travaillent dans ce secteur complètement dévasté par les annulations tous azimuts, mais aussi par les mesures de restrictions adoptées par la préfecture du Nord (pas de rassemblements de plus de 1000 personnes, sauf exception). Traiteurs, organisateurs d'événements, intermittents, univers du spectacle, jusqu'aux locations de sanitaires, l'impact est brutal.

« Le secteur enregistre 60 à 90% d'annulations. Chez Alive, nous sommes à 80%. Et on ne va jamais rattraper ce qui n'a pas été fait », explique Alexis Devillers, dirigeant du groupe spécialiste de l'événementiel, qui annonce son intention d'utiliser le chômage partiel. Une situation d'autant plus rageante que son groupe tablait sur un mois de mars exceptionnel avec un carnet de commandes « énorme ».

« Il y aura perte de chiffre d'affaires », reconnaît aussi Hervé Montagne, dirigeant d'Enygea (Englos), leader français du sanitaire mobile, qui réalise 40% de son activité dans l'événementiel. Artois Expo, à Arras, a vu ses programmations annulées à hauteur de 80%... Lille Grand Palais compte les rendez-vous repoussés ou annulés. « Plus qu'une crise sanitaire, c'est une véritable crise économique et sociale qui se joue dans la filière événementielle et tourisme d'affaires des Hauts-de-France », prévient Lille Events, qui représente la filière.

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Baisse généralisée de chiffre d'affaires 

« Nous sommes les premiers, mais tout le monde sera touché », anticipe Alexis Devillers. De fait, la vaste enquête lancée par la CCI de région auprès des entreprises montre un impact déjà très important alors que la crise n'est qu'à ses débuts. « Les baisses de chiffres d'affaires vont de 20 à 100% », dévoile David Brusselle, directeur général de la CCI Hauts-de-France, qui évoque même un repli d'activité de 50% pour l'hôtellerie. Les transporteurs scolaires annoncent un recul de chiffre d'affaires de 60% d'ici juin. Le commerce lui aussi semble très frappé avec des replis d'activité nets chez les gros distributeurs. « Le commerce de niche n'est pas touché pour l'instant. Pour une fois le fait d'être petit est un avantage. Les gens ont plutôt peur du grand monde », nuance Hélène Natier, présidente de la fédération indépendante des commerçants de la métropole de Lille (Ficomel).

Quelques secteurs tirent aussi leur épingle du jeu, comme les drives (+ 23%), le e-commerce ou encore les fabricants de gel hydroalcoolique comme Anios, ou de masques respiratoires comme Macopharma, ou le secteur du nettoyage. Mais la grande majorité des entreprises régionales sera probablement affectée à des degrés variables, ne serait-ce qu'en terme d'organisation interne et d'absentéisme du personnel.

Les acteurs publics, consulaires, économiques et financiers tentent d'organiser une parade pour aider les entreprises qui se trouvent dans l'oeil du cyclone Covid-19 (lire par ailleurs).