WN, le repreneur de Whirlpool, "dans une impasse financière"

WN doit se placer sous "protection du tribunal", confirmant ainsi ce que beaucoup redoutaient : l'échec de la stratégie industrielle du repreneur.

Les craintes sur la solidité du projet se faisaient entendre depuis quelques mois. Finalement, le projet de reconversion de l'ex usine Whirpool d'Amiens par la société WN est bel et bien un échec. Signe de la nervosité locale, mardi, c'est l'Etat qui a pris l'initiative de communiquer sur la situation de l'entreprise.

Le tribunal de commerce d'Amiens a placé lundi 3 juin la société en redressement judiciaire, avec une période d'observation de six mois. Confrontée à une "impasse financière", celle-ci a été contrainte de se placer "sous protection du tribunal de commerce" pour assurer le paiement des salaires des 160 ex-Whirlpool embauchés par WN. Visiblement l'Etat, qui a déjà versé 2,5 M€ au repreneur au titre de la prime d'aménagement du territoire, ne croit plus à la pérennité du projet. Selon nos informations, il aurait renoncé à lui verser le solde, 2,5 M€ supplémentaires. Au total, WN a touché près de 10 M€, aide financière de Whirlpool comprise. Une somme importante, qui n'aura pas suffi à relancer l'usine, organisée autour de deux pôles : une open factory, un espace de collaboration entre PME industrielles, et l'usine WN elle-même, spécialisée dans la production de shopping box, des casiers libre service réfrigérés, et de voiturettes électriques (voir photo).

Initialement, le plan de WN prévoyait une production de 1 200 casiers, 2 000 chargeurs de batterie et 31 000 armoires, dotées de condensateurs destinés à redistribuer de l’énergie verte, en 2019. De quoi réaliser un chiffre d'affaires de 27 M€ d'ici 2020. Un plan qui paraissait très ambitieux et surtout très rapide pour de nombreux observateurs compte tenu de la conjoncture industrielle. A titre de comparaison, le groupe familial Decayeux dont est issu le créateur de WN, réalise "que" 65 M€ de chiffre d'affaires alors qu'il est leader de sa spécialité en Europe, la fabrication de boîtes aux lettres. Le pari semblait donc particulièrement risqué. Visiblement, les services de l'Etat ont choisi de le tenter. Selon eux, la priorité est maintenant au "reclassement des salariés" qui ont bénéficié de "nombreuses heures de formation". De son côté, Nicolas Decayeux demande du temps et assure que plusieurs contrats sont en cours de négociation.

Le dossier n'est certainement pas clos. Fiodor Rilov, l'avocat des ex-Whirlpool, connu aussi pour son rôle dans le dossier Goodyear, a annoncé son intention de faire annuler la cession du site à WN.

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