Zinc : Recytech veut pousser plus loin son modèle circulaire

Il n'y a plus de mine de zinc en France. Enfin presque. Recytech, à Fouquières-lez-Lens, est le plus gros gisement de zinc en France, mais du zinc recyclé. Créée il y a 25 ans dans le cadre d'une co-entreprise entre Befesa et Recylex, l'usine recueille 130 000 tonnes par an de matières faiblement concentrées en zinc, provenant d'aciéries électriques, comme Ascoval ou LME, ou de fonderies. Une voiture contient en moyenne 10 kilos de ce métal. Grâce à un procédé métallurgique lourd, à travers un four de 50 mètres de long et une température qui monte jusqu'à 1300 degrés, le zinc se trouve concentré à 60 % dans le produit fini, sous forme de poussière, en vue d'être envoyé aux producteurs de zinc comme Nyrstar (à Auby près de Douai), qui vont le mélanger à du minérai primaire. Recytech produit 48 000 tonnes de ce minerai. L'usine dégage en parallèle 75000 tonnes de clinker, un laitier comprenant 40% de fer, aujourd'hui exploité de façon minimaliste comme remblai technique.

Mais le processus de fabrication entraîne un dégagement important de composés organiques volatils, des gaz très nocifs pour le réchauffement climatique. Profitant d'une période économiquement propice où les cours sont élevés (2300 $ la tonne de minerai pur), la société vient d'achever un investissement d'envergure pour brûler ces gaz, sans énergie ajoutée : un équipement d'oxydation thermique régénérative (RTO) a été construit, pour un investissement de 3M€, entièrement financé par l'entreprise. Il s'agit d'une des plus grosses unités de ce type en France, entièrement autotherme : l'énergie dégagée par la seule combustion des COV suffit à faire tourner l'équipement. A terme, il devrait même fournir de l'énergie en surplus pour le process industriel.

Pour Recytech, cet investissement garantit l'avenir du site en anticipant de beaucoup le durcissement des normes futures. Il participe aussi d'une amélioration constante du modèle d'économie circulaire de cet acteur important de la filière zinc. « On associe souvent Recytech à l'industrie du passé en raison de notre procédé métallurgique. Nous voulons montrer qu'au contraire nous sommes un acteur moderne et un maillon essentiel de l'économie circulaire de notre région et au-delà », défend Frédéric Heymans, nouveau directeur général de Recytech depuis le printemps dernier. L'industriel est en outre un maillon important d'une filière régionale intégrée entre les fabricants de zinc et les aciéristes. De quoi réduire la dépendance à la ressource naturelle, siphonée par le marché chinois qui absorbe 60% du marché mondial.

Recytech, membre du pôle de compétitivité TEAM2, veut aller plus loin encore. Elle a lancé une réflexion sur la valorisation de son principal coproduit le clinker. Avec pour ambition de le valoriser chez les aciéristes pour le fer, et le faire entrer pour le reste dans la composition du ciment, à l'instar du laitier de sidérurgie d'ArcelorMetal transformé en ciment écologique par Ecocem Dunkerque

O.D

 

RECYTECH EN BREF

Production : concentré de zinc

Tonnage : 48 000 T/an

Investissements : 20 M€ depuis 10 ans

Effectifs : 48 salariés

+ 10 sous-traitants permanents

Chiffre d'affaires : 52 M€

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