Accueillir un sans abri dans son entreprise : le pari du cœur d'Haxoneo

L'initiative est pour le moins originale : Depuis la mi-juin, Haxoneo accueille dans ses tout nouveaux locaux de Wambrechies un sans abri, dans le cadre de l'association Les Bureaux du cœur. Son dirigeant Nicolas Paquet nous explique le sens de cette initiative.

Accueillir un sans-abri, ce n'est pas vraiment le rôle naturel d'une entreprise. Qu'est-ce qui vous a poussé dans cette voie ?

L'idée est venue du groupe Bulteau, où nous étions avant notre récent déménagement, et qui avait mis à disposition un bureau à l'étage, avec un accès fermé. On s'est dit : puisque nous construisons notre nouveau siège et que nous sommes engagés dans une démarche RSE très affirmée, c'est l'occasion. Notre dispositif est plus intrusif puisqu'on donne vraiment les clés d'un bureau au sein même de l'entreprise. Est-ce que c'est la vocation ou non d'une entreprise ? La responsabilité sociétale, c'est de contribuer. Avec le télétravail, beaucoup de bureaux sont vides 80% du temps... On avait rencontré les Bureaux du cœur il y a deux ans, on a beaucoup travaillé sur le bien-être des salariés en interne, on a aussi réfléchi au bien-être externe.

Comment ce projet a-t-il été reçu par vos équipes ?

Je ne m'attendais pas à une telle effervescence, un tel engouement. Je sens une vraie fierté. On parle beaucoup de RSE, mais là c'est très concret, avec une vraie personne.

Qui est-ce ?

C'est Alain, 62 ans, qui travaillait dans la sécurité en Belgique, avec un salaire confortable. Mais depuis dix huit mois, il vivait dans la rue. Depuis un mois que nous l'avons dans l'entreprise, ça m'a donné une claque, ça m'a pas mal chamboulé. Au début, il était hyperfermé, parce qu'en un an et demi, il se faisait hurler dessus pour partir des endroits où il s'était installé. Il est venu à l'inauguration de nos locaux. Maintenant, il a le sourire.

Quelles sont les modalités de mise à disposition de ce lieu ?

Les modalités sont définies par l'association les Bureaux du cœur. Il faut une cuisine, une douche et un espace où dormir. On lui a dédié un bureau en trop où nous avons installé un lit. La règle est que la personne est là seulement à partir de 18h le soir et jusqu'à 9 h le matin. Au début, il partait plutôt vers 7h-7h30, par discrétion, aujourd'hui il reste un peu plus et prend le café avec nous : de cette façon, ce n'est pas un fantôme. Le délai est de 3 à 6 mois, avec un vrai maximum. Les personnes sont sélectionnées par l'association, qui s'assure qu'il n'y a pas d'addiction, d'animal de compagnie, et que la personne est dans l'état d'esprit de s'en sortir. C'est tellement le cas d'Alain qu'il vient de trouver un emploi et peut-être même un logement pour la rentrée (entretien réalisé mi juillet 2023) !