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Numéro #144
Edito
Urgence
La lenteur avec laquelle nous sortons enfin de la séquence électorale de l'été tranche avec l'extrême urgence des défis qui s'imposent au pays et à son économie. Ne doutons pas par principe de la bonne volonté qui anime le nouveau gouvernement pour redresser la situation. Mais sa tâche est particulièrement ingrate, tandis que ses moyens politiques font penser au chas de l'aiguille. Au-delà de sa composition sur laquelle chacun se fera sa propre analyse, il faut bien pourtant qu'il réussisse, sauf à sombrer demain dans un inconnu de tous les dangers. Dette abyssale sans marge de manœuvre fiscale, lourds déficits du commerce extérieur, panne de la construction, menace lourde sur notre industrie automobile, remontée rapide des défaillances d'entreprises ne sont que quelques-uns de nos enjeux économiques imédiats, sans parler bien sûr de l'exigence de la décarbonation. Tout ceci sur toile de fond d'une question migratoire lancinante, de la dégradation de nos services publics ou d'une insécurité croissante, dans un monde lui-même en pleine ébullition. Pour faire face à de tels challenges, un exécutif fort adossé à une majorité sans faille aurait déjà les pires difficultés. Or notre gouvernement se trouve placé dans l'étau... des taux des marchés financiers mondiaux et d'une équation politique impossible, à la merci de le censure de ses opposants plus nombreux au Palais Bourbon. Et tout ceci assorti du manège assez pathétique des petits chevaux des prétendants à l'Elysée en 2027 toujours prompts à occuper le terrain du microcosme germanopratin.
Dans ce contexte, la seule réponse possible réside sans doute dans un discours de vérité, capable de placer le pays et les Français devant la réalité crue et leurs responsabilité. Il est vrai que l'argent magique et le «quoi qu'il en coûte» ont causé un tort considérable à la perception du réel. D'autant plus que, parmi les faillites du système scolaire, bien souvent négligée, figure celle d'une inculture économique crasse. Il est tellement plus simple et lapidaire d'incriminer le grand capital et les patrons que d'appréhender les contraintes démographiques, d'observer la courbe affolante de la charge de la dette ou de réfléchir à la compétitivité de nos entreprises...