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Publié le 02/07/2024

Numéro #142

Edito

Signes faibles 

Notre région s'est positionnée avec beaucoup de réussite jusqu'ici dans la filière naissante de la batterie électrique. Elle a même fait carton plein puisque les cinq méga-usines programmées en France le sont chez nous : ACC (Douvrin), AESC Envision (Douai), Verkor et ProLogium (Dunkerque) et Tiamat (Amiens). Ajoutons les usines amont pour les matières premières (comme XTC-Orano, à Dunkerque), et l'aval, avec la récupération de la fameuse « black mass », plusieurs usines étant programmées dans la région, sans parler des tests (CRITT M2A, à Bruay-la-Buissière) ou encore de la régénération. Sans compter la formation massive, avec le plan Electro'Mob.

Bref, une structuration de filière particulièrement spectaculaire et rapide, appuyée par une politique volontariste de soutien à la décarbonation. Le sujet est clé : il s'agit de réindustrialisation, de souveraineté énergétique, de milliards d'euros et de milliers d'emplois.

Mais plusieurs signaux d'alerte commencent à s'allumer. ACC a annoncé suspendre ses projets en Allemagne comme en Italie. Yann Vincent, son dirigeant, déclarait récemment que le rythme du marché n'était pas aussi rapide que les prévisions et que la question du prix des batteries demeurait cruciale. L'Europe s'est (enfin) emparée du sujet et des droits de douane vont s'appliquer dès ce mois de juillet. Non sans craintes pour les constructeurs européens comme BMW qui ont monté des usines en Chine et dont les voitures risquent d'être hors marché. Les fabricants chinois sont du reste pied au plancher pour inonder le Vieux Continent, avec des dizaines de milliers de véhicules parqués sur les plateformes portuaires.

Rien de surprenant à tous ces à-coups dans une filière émergente, sur fond d'ultimatum politique inconsé- quent par le parlement européen, sans la moindre étude d'impact, comme le soulignait le président de Renault, Jean-Dominique Sénard récemment.

Cette situation interpelle alors que notre région a tant misé sur la filière. Les plus anciens se souviendront de la période où Clermont-Ferrand comptait pas moins de 28 000 salariés de Michelin, avant un long déclin et la perte de… 17 000 emplois. Comparaison n'est pas raison. Notre économie régionale est très diversifiée, bien loin de la mono-industrie auvergnate de l'époque. Mais une très grande vigilance s'impose, surtout dans le climat d'incertitude extrême dans lequel entre la France.

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Publié le 02/07/2024

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