"Gentilles, gentils, levez-vous!"

Que cette idée a encore du mal à se frayer un chemin dans les entreprises ! Victime de l’adage « trop bon, trop con », la gentillesse dans le monde professionnel se heurte au présupposé que cela aurait comme conséquence immédiate la perte de compétitivité et d’efficience.

Encore trop peu de dirigeants, de leaders, de managers apprécient que l'on puisse les considérer comme gentils. Ils préfèrent largement être reconnus pour leur vision et leur leadership considérant que la gentillesse n’a pas sa place dans cette reconnaissance. Elle serait suspecte et contreproductive, alors même que les nouvelles générations, selon une étude récente, la plébiscitent dans leur rapport professionnel. J’enfonce une porte ouverte en exprimant que nous sommes avant tout des êtres humains dotés de sensibilité, avant d’être des professionnels bardés de compétences, de diplômes et de certifications.

Il y a, me semble-t-il, une confusion dans le terme gentillesse, car beaucoup l’assimilent à de la naïveté et de la faiblesse. Quelle erreur !

Il faut en effet une sacrée dose de confiance en soi pour oser se montrer gentil. Cela nécessite d’être aligné, de se livrer et de se dévoiler. La gentillesse, c’est se montrer sans fard ni posture et être convaincu que l’on peut être intelligible, reconnu et suivi en agissant ainsi.

Qu’est-ce que la gentillesse concrètement en entreprise ? Comment se traduit-elle ? De mille et une façons dès lors qu’elle est véritablement incarnée. Ce peut être un vrai bonjour chaque matin, pas celui qui consiste à tracer son chemin sans même tourner la tête. S’intéresser à l’autre dans toutes ses dimensions, sans caractère intrusif. Développer une écoute active, demander des nouvelles d’un enfant qui passe un examen ou d’un parent souffrant. Comprendre sans juger une difficulté professionnelle, un échec, proposer sans imposer son aide.

Lorsque cette gentillesse est sincère, elle a comme effet de renforcer le sentiment d’appartenance et l’envie de collaboration, elle apaise les tensions et autorise l’autre à s’exprimer librement. Elle ne se suffit pas à elle-même dans le monde professionnel bien sûr et mérite d’être accompagnée d’un cadre et d’objectifs clairement établis et partagés.

Au surplus, la gentillesse est contagieuse et bonne pour la santé en libérant des endorphines.
Dans cette période de forte tension sur l’emploi et de guerre des talents, cette qualité étant par ailleurs considérée comme essentielle par les jeunes générations, elle a définitivement toute sa place dans les relations professionnelles.

Gentilles, gentils, levez-vous ! Et essaimez autour de vous !