Aline Doyen, présidente du Pôle Hydraulique et Mécanique d'’Albert (PHMA) "“Il faut pouvoir suivre la cadence"

 

 

 

Pourriez-vous nous présenter le PHMA ?

Le PHMA est une association fondée en 1993 – on en célèbre donc le 25e anniversaire cette année – dont l'acronyme signifie Pôle Hydraulique et Mécanique d'Albert. Sachant que le A renvoie aussi beaucoup à l'aéronautique, 70% de nos cinquante adhérents travaillant dans ce secteur. Si le PHMA a été reconnu comme un Système Productif Localisé (SPL) pour la région d'Albert, où se concentre le gros de la filière aéronautique, aujourd'hui nous avons ouvert à d'autres adhérents de la région, tel que Dassault par exemple. L'objectif de l'association est simple : travailler, entre entreprises ayant un langage commun, sur des problématiques communes.

Justement, à quelles problématiques vos adhérents sont-ils aujourd'hui confrontés ?

La première d'entre elles est celle des recrutements et de la qualification. Nous sommes à l'heure du « papy boom » et nos entreprises doivent faire face à des départs en retraite massifs. Le problème est que nos métiers attirent peu. C'est l'un des défis que nous nous sommes donnés au PHMA : redorer l'image de l'industrie auprès des professeurs et des conseillers d'orientation. Nos opérations connaissent un franc succès.

La seconde problématique est celle de l'adaptation à un marché qui pousse fortement. Il faut pouvoir « suivre la cadence ». Ce qui signifie être réactif et être en capacité d'investir avec la confiance des banquiers. Le tout dans un contexte de prix très tendu. Une double pression s'exerce donc sur nos entreprises.

 

Il y a quelques années, Aerolia avait signé un charte « de bonne conduite » envers ses fournisseurs. Les relations avec les donneurs d'ordres se sont-elles améliorées ?

Je dirais que oui. Le dialogue s'est amélioré, bien que nous constations en ce moment quelques difficultés, du fait notamment de l'emplacement du siège de Stelia à Toulouse. La pression sur les prix reste forte. Il n'est pas rare que nous devions concéder à des remises de 20%. Il faut trouver des solutions intelligentes, souvent collectives, pour rester compétitif.

 

Les avionneurs et leur principaux sous-traitants sont très en pointe sur les questions d'usine du futur. Quel impact ces ruptures technologiques ont-elles sur vos organisations ?

Ces vitrines technologiques sont pour nos PME une véritable source d'inspiration, d'autant que les groupes nous font régulièrement découvrir leurs avancées. A vrai dire, cela donne de l'allant et confère de la modernité au secteur, ce qui est fondamental vis-à-vis des jeunes. Cela nous pousse à nous adapter, à passer au cran supérieur, ce qui, dans l'industrie, est finalement assez naturel.

 

Est-il nécessaire de structurer une filière au niveau régional, se- lon vous ?
Certes, nous ne jouons pas dans la même cour que d'autres "grandes" régions, mais il est clair que nous n'avons pas à rougir de ce qui se passe dans les Hauts-de-France. Il est clair aussi que la filière est sous-évaluée et sous-estimée. Reste à savoir comment la construire et comment lui donner de la visibilité, notamment dans le Nord, où beaucoup de gens – et c'est normal – ont du mal à placer Albert sur une carte. Je crois que cela passe notamment par la mise en place dans l'enseignement supérieur de cursus dédiés, ce qui n'existe pas à proprement parler. Cela permettrait de résoudre, en partie, nos difficultés de recrutement sur les profils les mieux formés.

Recueilli par Guillaume Roussange / Photo Teddy Henin