Arc s'offre un bol d'air de 45 M€

 

 

Après les graves turbulences logistiques de l'été dernier et le départ de deux managers clés, le géant des arts de la table a pu signer un accord entre l'actionnaire américain, les pouvoirs publics et « un prêteur privé », permettant en principe de sortir l'industriel audomarois de l'ornière.

 

L'accord a été scellé sous les auspices du tribunal de commerce de Lille, dans une procédure de conciliation, en principe strictement confidentielle. Mais le ministère de l'Industrie  s'est réjoui fortement, par conférence de presse et communiqué interposés, de la conclusion heureuse d'un accord financier qui pérennise durablement le géant mondial des arts de la table. Cet accord, conclu entre l'actionnaire américain, l'Etat associé à la Région et à l'agglo de Saint-Omer et un prêteur privé dont le nom est tu, permet d'apporter 45 M€ d'argent frais à l'industriel. 

Ce dernier s'était retrouvé dans de graves difficultés durant l'été, au terme de plusieurs décisions qui se sont révélées funestes : un changement de logiciel de gestion des stocks, et l'externalisation de son conditionnement carton. De lourdes désorganisations en ont résulté qui ont entraîné des besoins de trésorerie de l'ordre de 20 M€. Or l'entreprise devait faire face à des échéances financières en fin d'année puis début 2022. La situation a coûté leurs postes au directeur général Tristan borne et à son directeur opérationnel Europe, au profit d'une reprise en main directe par Nicholas Hodler. 

 Finalement, l'accord financier, abouti au terme de trois mois de tractations et d'audits, porte sur un montant sensiblement plus important. « Nous sommes arrivés à la conclusion que c'était le bon montant pour que cette restructuration financière soit la dernière », indique-t-on au ministère de l'industrie. Au final, l'Etat apporte 14,7 M€ sous forme de prêts, la Région 1 M€ et la CAPSO 0,3 M€, au côté d'un prêteur privé qui injecte 13 M€. L'actionnaire PHP mobilise quant à lui 16 M€.

 

21 000 tonnes de CO2 en moins

A noter que l'Etat apporté par ailleurs 4 M€ de subventions à l'entreprise, via l'ADEME, au titre d'un programme de décarbonation des procédés au sein de France Relance. L'entreprise va en effet remplacer des matières premières dans ses fours par des intrants alternatifs beaucoup plus propres, qui devraient lui faire économiser la bagatelle de 21 000 tonnes de CO2 par an. 

 

Arc fait désormais l'objet d'un suivi très serré de l'Etat, pour veiller à la bonne mise en oeuvre des mesures corrective, dans un contexte de hausse des matières premières et de l'énergie, mais avec un carnet de commandes très solide. "Notre carnet de commandes reste extrêmement fort", se félicite Nicholas Hodler qui a repris en main la direction opérationelle d'Arc. Et qui a décidé une hausse très sensible des prix de vente à partir du premier janvier, pour répercuter une partie des surcoûts de matière et d'énergie. "L'élasticité prix pour le consommateur final est assez faible car nos produits ne sont pas très chers en valeur absolue", affirme-t-il, tout en soulignant que les grands concurrents mondiaux vivent exactement la même situation, voire en pire avec les surcoûts du fret maritime. 

Arc emploie encore 4 700 salariés, pour un chiffre d'affaires attendu de 410 M€ cette année. 

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