Apprendre à se taire

"Le silence n’est pas une absence. C’est une présence, différente."

Publié le 01/10/2025 par Cabinet QuinteSens / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

Dans l’imaginaire collectif, un manager ou un dirigeant performant, est souvent celui qui s’exprime : il donne du sens, il explique, il rassure et il tranche. Ses collaborateurs attendent de lui qu’il remplisse l’espace par des propos. C’est le patron, c’est donc naturellement son rôle.

Et pourtant, le silence, bien utilisé, peut être l’une de ses attitudes les plus impactantes. J’ai pu l’observer à plusieurs reprises.

Car le silence n’est pas une absence. C’est une présence, différente. Un acte volontaire qui teinte autrement la qualité de la relation avec son équipe.

Il existe plusieurs formes de silences pertinents. Chacun d’entre eux a deux qualités communes : l’empathie et la sincérité dans l’intention.

Le silence de réflexion, qui consiste à prendre un temps avant de répondre. Il montre que le manager ne délivre pas des réponses automatiques, mais qu’il prend au sérieux ce qui vient d’être dit.

Le silence d’écoute, qui laisse l’autre aller au bout de sa pensée sans être interrompu. Souvent, les collaborateurs n’ont pas besoin de conseils immédiats, mais d’un espace pour formuler leurs idées.

Le silence d’espace, dans une réunion, quand le manager résiste à l’envie de parler en premier ou de conclure trop vite. Ce vide relatif incite les autres à s’exprimer et à s’approprier la discussion.

Le silence de soutien, parfois plus fort que mille encouragements : rester présent, attentif, sans chercher à combler l’émotion de l’autre par des conseils trop rapides.

Ces silences ne sont pas du retrait, mais bien au contraire des actes de management forts. Ils renforcent l’écoute, encouragent l’autonomie, apaisent les tensions et amènent souvent plus de profondeur dans les échanges.

Bien sûr, le silence peut être mal interprété. S’il est froid, il ressemble à du désintérêt. S’il est fuyant, il devient de l’évitement. S’il n’est pas expliqué, il génère de l’anxiété. Comme tout outil de management, il demande donc de la clarté d’intention, de l’honnêteté intellectuelle et de la justesse.

Dans un monde de plus en plus saturé de messages, de réunions et de notifications, le manager n’a pas toujours besoin d’ajouter du bruit au bruit ambiant. Il peut offrir autre chose : un espace. Et cet espace, paradoxalement, peut devenir l’une des plus belles preuves de son leadership.

Un leader ne se mesure pas seulement à la qualité de ce qu’il dit, mais aussi à la justesse des silences qu’il offre à son entourage.