Comment le Nord gagne peu à peu la bataille du RSA

Près de 10% des allocataires du RSA sont sortis du dispositif et de l'exclusion depuis 2016 dans le Nord. La dynamique paraît solide.

Publié le 27/04/2018 par Olivier Ducuing / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

On se serait presque habituésà la fatalité de la courbe. Chaque année, les différents exécutifs du Département du Nord annonçaient, la mine déconfite, que les entrées dans le dispositif du RSA avaient encore augmenté ainsi que la factureénorme pesant sur la collectivité, l'Etat ne remboursant que surun niveau gelé. De 2010 à 2015,lenombre de foyers allocataires a ainsi progressé de 21%, pour atteindre 109000 aujourd'hui.Traduction budgétaire : 606 M€ inscrits en 2018 plus 257 M€ de reste à charge.
Compte tenu de la situation financière désastreuse de la collectivité, le nouveau président Jean-René Lecerf avait décidé de faire de ce combat – et de l'ensemble des allocations individuelles de solidarités–la mère des batailles, afin de retrouver des marges de manœuvre. Dès 2016, le Nord crée 8 plateformes pour l'emploi dans les territoires, au plus près de la réalité, en réseau avec le monde de l'insertion par l'économique mais aussi les entreprises (elles sont 300 partenaires aujourd'hui). La collectivité a aussi adopté un plan de 75,6M€ sur 2016-2018 pour financer un millier d'initiatives pour l'emploi. Et, entre autres mesures nouvelles, elle a généralisé la clause d'insertion sur l'ensemble de ses chantiers. En parallèle, elle a aussi entrepris de remettre de l'ordre dans un dispositif où 45 000 allocataires n'apparaissaient plus.

10 900 personnes sortiesdu RSA
Le volume d'allocataires est siimportant qu'il serait dangereuxde crier victoire tropvite. Mais leschiffres sont éloquents. De 2016à mars 2018, 10 900 personnessont sorties du RSA, l'essentiel enretour à l'emploi, soit un recul de4,7% des foyers allocataires en18mois, se félicite Doriane Bécue,vice-présidente, qui évoque unevraie montée en puissance. «Nos signaux sont au vert. Il y a un alignement des planètes entre institutions et monde économique. Personne n'est inemployable. Il existe des problématiques de logement, de dépendance, de mobilité. A nous de les accompagner ». La jeune élue annonce deux mesures qui pourraient êtremises en œuvre en juin autour de la garde d'enfants et de la mobilité, en articulation avec le conseil régional.
Les entreprises privées jouent le jeu, parfois sur des volumes importants. Chez Sevelnord(photo), pas moins de 108 allocataires du RSA ont intégré l'usine. Luc Samsoen, DRH du pôle industriel Nord de PSA reconnaît « qu'il afallu une démarche un peu forcéeau début. Aujourd'hui cela se faitbeaucoup plus naturellement ».
Dans les structures sociales, la dimension économique est désormais de mise. «Avant, le CCAS de Tourcoing était uniquement centré sur sur l'accompagnement social. Depuis 2017, il accompagne aussi à l'emploi», se réjouit Christelle François, chef de service du CCAS.