Résindustrialisation : un succès aux ingrédients très régionaux

"Les friches industrielles, longtemps délaissées, deviennent des opportunités stratégiques"

Publié le 02/09/2025 par KP MG / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

Directeur advisory revitalisation industrielle KPMG & Emilien Prum, associé
Directeur advisory revitalisation industrielle KPMG & Emilien Prum, associé

Depuis une dizaine d’années, la France renoue avec son industrie ! French Tech, ETIncelles, Territoires d’industrie, France Relance, France 2030 ou encore Rebond industriel, sont autant de dispositifs destinés à favoriser la réindustrialisation, notamment depuis la prise de conscience de la fragilité de notre tissu industriel au moment de la crise du covid.

Une réindustrialisation aux formes multiples

Relocalisation de productions, extensions de sites existants, créations d’usines ex nihilo ou reconversions de sites industriels... Dans les Hauts- de-France, les exemples de projets se multiplient et témoignent d’un retour de l’industrie sur le territoire.

Des facteurs clés de succès

Si la recette miracle d’une réindustrialisation réussie n’existe pas, quelques ingrédients clés émergent.

- La disponibilité du foncier : en contrepoint de l’injonction de sobriété foncière du ZAN (Zéro Artificialisation Nette), la loi « Industrie verte » a permis d’accélérer les processus et d’initier l’identification et l’accompagnement de sites industriels prêts

à l’emploi. 10 % de ces sites sont situés dans les Hauts-de-France, représentant plus de 220 hectares de foncier. Les friches industrielles, longtemps délaissées, deviennent des opportunités stratégiques.

- L’ancrage territorial et le portage politique, vecteurs d’acceptabilité des projets : ils permettent à un même industriel de concrétiser une implantation sur un territoire « industry-friendly », en évitant d’interminables recours, là où il serait rejeté dans une région moins marquée par la culture industrielle. Béthune ou Lens-Liévin, par exemple, incarnent cet état d’esprit propice à la réindustrialisation.

- La disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée : face à la pénurie de compétences, de nombreuses entreprises créent leur propre école de formation. Ces initiatives internes pallient les limites des dispositifs publics et permettent de répondre aux besoins spécifiques des métiers industriels, souvent en tension.

- Le dynamisme de l’écosystème : l’ancrage territorial, le nombre d’ETI et leur capacité d’investissement, le tissu de PME sous-traitantes et le dynamisme des réseaux de dirigeants sont autant d’atouts pour des synergies locales et des projets mutualisés : économie circulaire, projets en joint-venture, récupération de chaleur, boucles énergétiques locales...

Ainsi, la réindustrialisation ne repose pas uniquement sur des politiques nationales, mais sur une alchimie locale entre foncier, compétences, culture industrielle et écosystème économique. C’est aussi dans cette dynamique terri toriale que se joue, en grande partie, le succès du renouveau industriel français