L'artisanat régional à l'offensive

Dotée d'un nouvel outil exceptionnel à Lille Sud, la Chambre des Métiers et de l'Artisanat se veut aux avant-postes nationaux de l'artisanat de demain.

Publié le 26/11/2019 par Olivier Ducuing / Lecture libre / Temps estimé: 3 minutes

Dotée d'un nouvel outil exceptionnel à Lille Sud, la Chambre des Métiers et de l'Artisanat se veut aux avant-postes nationaux de l'artisanat de demain.

"On est là au bon moment, avec les bons outils ». Alain Griset, président de la Chambre régionaledes métiers et de l'artisanat, et président national de l'U2P, a le sourire. Depuis quelques mois, il est à la tête d'une Cité des métiers et de l'artisanat en mode 4.0 («Eurartisanat »), au cœur de Lille Sud. Un projet majeur (plus de 50 M€), qui aura pris beaucoup de retard mais qui offre à l'artisanat régional un outil unique en France de formation, mais aussi de rencontres professionnelles et de l'activité réglementaire d'enregistrement des entreprises. La plateforme devient pleinement opérationnelle au moment où la fusion entre les chambres des métiers picarde et nordiste, officielle depuis janvier 2018, a pris son rythme, avec un soin très attentif aux territoires : 24 commissions territoriales, composées chacune d'au moins 8 artisans (soit 100 élus au total), représentent la chambre sur le terrain. La CMA a ouvert une nouvelle antenne à Soissons, ainsi qu'à Plessis Saint-Just (Oise), Caudry est réalisé. Le très ancien centre de Compiègne doit être reconstruit, ainsi que celui de la Capelle dans l'Aisne, ou encore celui de Béthune. Un projet d'ouverture est à l'étude à Abbeville, tandis que la chambre compte transformer le CEFRAL à Dunkerque.

« En 2018, on a dit qu'on avait vocation à accompagner les entreprises partout. Nous avons fait le choix de conserver des centres déficitaires. C'est un choix de gestion de moyens que l'on assume », insiste le président de la première chambre des métiers française, forte d'un budget de 94 M€ (la deuxième dispose d'un budget trois fois inférieur).

2,5 Toyota tous les ans

Le timing est très bon aussi du fait de la loi Pénicaud sur la formation, adoptée il y a un an, et qui modifie en profondeur le financement de l'apprentissage, en fonction des contrats obtenus : il est à l'évidence plus facile d'attirer des jeunes avec un outil très performant, des tables tactiles, des écrans interactifs et du matériel de formation dernier cri, que dans des centres poussiéreux du siècle dernier.

Alain Griset note aussi que le climat général est désormais beaucoup plus favorable à l'apprentissage, notamment dans le champ politique.« Les pouvoirs publics commencent à com- prendre qu'on ne peut pas avoir les mêmes règles pour le maçon avec deux salariés que pour Total ». Pour autant, la revalorisation de l'apprentissage dans notre pays reste un travail de longue haleine.«Il n'a pas encore gagné totalement le cœur des familles », reconnaît Alain Griset, qui note en revanche une forteprogression des reconversions tardives.

« Beaucoup de jeunes sont frustrés, ils pensaient qu'un bac + 6 leur garantirait un très beau salaire, or beaucoup ne trouvent même pas d'emplois », déplore-t-il, tout en les accueillant les bras ouverts dans ses centres de formations.

La région compte désormais 30 000 apprentis, quand, en 2000, on n'en comptait que 10 000.«on était au Moyen-Âge ! En 2025, on aura rattrapé notre retard »,veut espérer le président de la CMA. La dynamique des entreprises artisanales est elle-même florissantes avec un solde net de 2500 entreprises par an depuis cinq ans entre créations et radiations.« avec en moyenne trois salariés par entreprise, tous les ans on crée 2,5 Toyota ! », s'exclame Alain Griset.