L’IA va-t-elle tuer les avocats ?

"L’usage responsable de l’IA passe par un contrôle humain et une sélection rigoureuse des données."

Publié le 31/10/2025 par Bignon Lebray / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

Alain Vamour, avocat associé Bignon Lebray.
Alain Vamour, avocat associé Bignon Lebray.

La question revient sans cesse, dans les médias, comme dans les échanges avec nos clients. La réponse est non ! L’IA est un nouvel outil performant, mais l’IA ne lit pas, n’écrit pas et ne connaît pas le droit : l’IA calcule. Elle n’a pas les compétences pour rédiger un contrat, analyser la psychologie d’un négociateur ou les habitudes d’un juge.

Certes, l’IA traite des quantités colossales de données numériques, et calcule à une vitesse inégalée. Mais ce froid calculateur, aussi sophistiqué soit-il, ignore la nuance, le contexte et la stratégie. Et surtout, l’IA se trompe. Souvent. Les « hallucinations » de l’IA, amusantes pour un juriste, peuvent être lourdes conséquences pour qui prend ses réponses pour argent comptant.

Les sources d’erreurs proviennent des sources utilisées par l’IA, dans les Meta données, que celles-ci soient ou non exactes, à jour, pertinentes, obsolètes ou inventées. C’est pourquoi l’usage responsable de l’IA passe par un contrôle humain et une sélection rigoureuse des données. Les professionnels du droit vérifient donc toute réponse de l’IA, ce que le profane ne peut vérifier.

Autre enjeu : la sécurité. Tout ce qui est « gratuit » en ligne a un coût caché : vos informations mises en ligne, vos documents « uploadés », vos courriers aux salariés, vos projets de contrats et toutes vos données personnelles « sont utilisés ».

Un cabinet d’avocats utilise une IA fermée, sans risque d’évasion ou de réutilisation des données personnelles et confidentielles et héberge son IA dans son propre serveur, pour garantir confidentialité et conformité RGPD. Les cabinets, tels que le nôtre, investissent donc dans leur IA « maison », pour maîtriser le « robot », les données traitées, et l’infrastructure.

Enfin, l’IA n’est pas intelligente : elle trie et organise des informations, sans créativité. L’IA ne peut imaginer une solution innovante, répondant aux données juridiques et précédents judiciaires apparemment contraires à votre thèse ou dossier.

L’IA est néanmoins un progrès pour les cabinets, en réduisant les temps morts, avec des données plus larges ; des recherches plus rapides ; des synthèses de réunion ; des projets d’actes formatés ; des comparaisons de documents etc...

L’IA libère donc du temps pour le raisonnement, la stratégie, et surtout pour l’audace et l’inventivité nécessaires, quand le droit semble figé, bref du temps à la plus-value, qu’une machine ne peut fournir. L’IA, non sécurisée, non confidentielle et aléatoire juridiquement, est donc l’IA, c’est à dire l’ Inverse de l’ Avocat