La bière régionale a créé 600 emplois l'an dernier

Région. Les Hauts-de-France confirment plus que jamais leur statut de deuxième région française de la bière, avec 7,1 millions d’hectolitres annuels.

Publié le 27/06/2019 par Julie Kiavué / Lecture libre / Temps estimé: 3 minutes

Région. Les Hauts-de-France confirment plus que jamais leur statut de deuxième région française de la bière, avec 7,1 millions d’hectolitres annuels.

Il est loin le temps où les acteurs de la brasserie déploraient année après année le recul constant de leur activité. Portée par la poussée de la micro brasserie, des bières de spécialité, et même le regain de forme des poids lourds, la filière retrouve de belles couleurs. Au national, la consommation a bondi de 4,2% en moyenne sur les deux principaux circuits de distribution, pour la cinquième année consécutive : +5% en GMS et +1,8% en café-hôtel-restaurant (CHR). Mieux, la filière est désormais créatrice d’emplois. En Hauts-de-France, on dénombre 1 383 emplois directs, contre 800 en 2016, et plus de 13 000 indirects, selon le syndicat Brasseurs de France.

Avec ses 7,1 millions hL par an, soit 33,5% de la production française, notre région maintient sa place de deuxième région française sur le podium brassicole, derrière l’Alsace. A elle seule, la Brasserie de Saint-Omer, dirigée par André Pecqueur, produit à près de la moitié des acteurs régionaux, avec 3,3 millions hL, dopée par les marques de distributeurs. Elle pèse en effet rien moins que 70% du marché des marques de distributeurs en France !

Métier très capitalistique

La dynamique du marché est telle que les micro brasseries poussent aux quatre coins des Hauts-de-France et conforte les poids lourds et les brasseries de taille moyenne dans leurs projets d'investissement. Car le métier est très capitalistique, au risque de fragiliser les entreprises. Citons la brasserie Castelain qui a investi 1,1 M€, notamment pour l’extension de son parc de fûts. Ou Heineken à Mons-en-Baroeul qui s’est offert une nouvelle ligne de conditionnement à 5,5 M€ pour produire des fûts de 8L pour les CHR dans sa plus grosse usine française. Et la Brasserie de Saint-Omer, encore elle, qui va injecter 40 M€ pour 24 000 m2 d’entrepôts supplémentaires sur le site de sa seconde brasserie, la Goudale à Arques.

3 QUESTIONS À

Vincent Bogaert Président des Brasseurs Hauts-de-France

“Ce sont surtout les brasseries moyennes qui investissent” <img1#right#400/>

Quels sont les grands enjeux de la filière régionale ?

Le premier, le tourisme. Une région comme la nôtre doit être davantage promue en France et à l'international sur le marché de la bière. Des discussions sont en cours avec les différents acteurs pour établir un plan d'actions et muscler notre communication. Nous nous sommes également associés à l'Echappée bière qui vient par ailleurs de lancer sa plateforme digitale de réservations de visites de brasseries régionales. Le second point est la création de lien entre brasseurs. Tout le monde avance dans son coin sans vraiment se concerter. L'objectif est de donc fédérer tous les brasseurs pour mettre en avant notre filière. Enfin, l'autre enjeu majeur est l'économie d'eau. Il faut 6 à 7L d'eau pour 1L de bière en brasserie moyenne. Il y a une réflexion à mener pour accompagner les professionnels là-dessus.

Cela demande des moyens financiers importants...

L'économie d'énergie, nous y pensons tous mais il est vrai que les investissements pour y parvenir sont très lourds. Les brasseries de petite taille ont beaucoup de mal à "moderniser" leur parc machines. Les banques ne veulent pas suivre. Ce sont surtout les brasseries moyennes qui investissent. Tous ceux qui ont démarré leur activité il y a 15-20 ans sont en train de mettre la main à la poche en ce moment. C'est le cas de la brasserie Moulin d'Ascq qui a pour projet de changer sa salle de brassage.

L'investissement est le plus gros frein identifié ?

Non, il y a aussi de vraies contraintes réglementaires. Il y a sept ans, a été votée une hausse de 160% des droits d'accise de la bière pour les brasseries de plus de 200 000 hL par an. Ainsi que celles de moins de 10 000 hL qui souffrent beaucoup ! On demande une législation identique pour tout le monde. Point.

Recueilli par Julie Kiavué