La route du Louvre

"D'Eugène Motte au XIXe à Octave Klaba au XXIe en passant par Ferdinand Béghin et Gérard Mulliez au XXe siècle, on les compte par milliers les entrepreneurs dans Lille-Métropole."

Publié le 29/05/2019 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

Bruno Bonduelle
Bruno Bonduelle

D'Eugène Motte au XIXe à Octave Klaba au XXIe en passant par Ferdinand Béghin et Gérard Mulliez au XXe siècle, on les compte par milliers les entrepreneurs dans Lille-Métropole. C'est dans l'ADN de ce territoire. Dans l'ex-bassin minier, on les cherche. La raison ? La mine ! De père en fils, elle procurait le travail, le logement, le charbon. Pourquoi chercher ailleurs un autre métier ? La même malédiction frappe les pays où un sous-sol généreux dissuade de changer les habitudes. En Russie, en Algérie, le pétrole permet d'importer tout ce dont le bon peuple a besoin. Pourquoi créer, innover ? Voyez Israël dont le Néguev ne produit pas une goutte de pétrole mais attire les start-up du monde entier.

La mine, c'est fini. Lorsque dans la forêt, le chêne est foudroyé, la clairière qu'il laisse mettra un siècle avant que la végétation ne reprenne... grâce à des graines venues d'ailleurs. Même la Route du Louvre est née à Lille. Elle fut boudée par les élus de la Gohelle à ses débuts, à l'exception notable du maire de Loos,... un marathonien ! Aujourd'hui, ils se battent pour être sur la photo car cette route connaît un succès grandissant, alors même que les retombées économiques de cet exceptionnel musée se font encore attendre. Je vais encore vous lasser avec ce RER Grand Lille qui permettra d'arrimer le bassin minier à la Métropole et lui faciliter l'accès à l'économie mondialisée du XXe siècle. Qui va relancer ce projet au point mort depuis le départ de Daniel Percheron qui avait poussé très loin les études ? Lesquin, Seclin, Carvin, Hénin : quand le sot voit quatre gares à la rime riche, le sage voit quatre villes nouvelles bâties autour de ces gares, totalisant cinquante mille nouveaux Grand-Lillois heureux de quitter les bouchons des petits matins blêmes sur l'A1. Quand le sot dit « on n'a pas les moyens d'une telle ambition », le sage fait le calcul de la plus-value engendrée par la métamorphose de ces hectares agricoles en mètres carrés urbains.

Le Président de la Région ne peut tout faire car il est sollicité par la Somme et l'Aisne qui crient famine elles aussi. Alors pourquoi la Mel ne prendrait-elle pas sa part ? Les deux présidents seront bientôt voisins et n'auront que quelques mètres à parcourir pour en discuter. Ne doutons pas qu'ils seront tous les deux dans la tribune d'honneur le jour de l'inauguration. Feu le truculent Notebart adorait répéter cette phrase : « In infant qu'est biau, ch'a minqu'pas d'père ».

P.S. J'écris ce billet un 8 mai férié, chômé. Sur le calendrier mon petit fils a lu Victoire 1945. Quelle victoire ? demande-t-il. Je lui réponds: « De Gaulle a fait croire aux Français qu'ils avaient gagné la guerre. Adenauer a fait croire aux Allemands qu'ils n'avaient jamais été nazis. Alors, ensemble ils ont fait l'Europe »