Oser le courage managérial

"Il s’agit de choisir et prendre position. Mais de le faire alors même qu’il y a une prise de risque réelle".

Publié le 29/03/2022 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

Clotilde Croixmarie, directrice Quintesens Paris.
Clotilde Croixmarie, directrice Quintesens Paris.

« Je dois licencier parce que nos résultats ne sont pas au rendez-vous ». « Je vais encore devoir confronter ce collègue avec qui je suis en conflit. » « Il va falloir annoncer au client qu’on est contraint d’arrêter le projet sur lequel nous travaillons depuis deux ans. » « En CODIR, j’ai l’impression d’être la seule à réaliser et oser dire ce qui ne va pas. »

Ces situations - bien réelles - ont ceci de commun qu’elles requièrent de la part des managers et dirigeants qui les vivent de faire preuve de courage. Le Larousse définit le mot courage comme de la fermeté, de la force de caractère, de l’ardeur, de l’énergie. On en a généralement l’idée qu’il s’agit d’oser affirmer son opinion, d’être vent debout, ou d’être ce héros solitaire qui ose faire bouger les lignes.

Mais quand on regarde de plus près, le courage managérial est bien plussubtil que cela. Certes, il s’agit de choisir et prendre position. Mais de le faire alors même qu’il y a une prise de risque réelle (va-t-on perdre le client ? Va-t-on pouvoir garder nos collaborateurs ?). Ou parce qu’il y a une incertitude (va-t-on être racheté ? Les prix des matières premières vont-ils continuer à grimper ? Comment mes collègues vont-ils réagir ?). Mais aussi et surtout alors que cela nous coûte émotionnellement (j’ai des doutes, celam’affecte personnellement, suis-je en train d’enfreindre mes propres valeurs, que va-t-on penser de moi ?).

Et c’est en ça qu’il est difficile d’être courageux : le courage requiert de la vulnérabilité. Le mot courage est dérivé de « cœur », le siège des sentiments. Les situations de courage sont justement celles où nous allons pouvoir écouter notre cœur. Sous cet angle-là, le courage devient alors la faculté d’oser s’ouvrir, parler de ses sentiments, pour que les autres comprennent et même nous aident à sauter le pas pour prendre cette décision difficile ou accepter ce feedback.

A tous ceux qui trouvent que leur culture managériale n’est pas assez courageuse, je vous encourage donc à observer vos émotions, oser les nommer, et petit à petit autoriser les autres à en faire autant. Ce sera par exemple dire en CODIR « ça va être dur, ça me coûte, mais on y va...»,ou à un collègue « ce comportement me blesse, je ne l’accepterai pas... ». Le courage : plutôt qu’une question d’égo, une leçon d’humilité ?

Pour aller plus loin : voir les travaux de Brene Brown.