Protéine d’insectes : Ynsect liquidée, « un échec » pour les élus

Depuis sa création en 2011, l’entreprise reine des protéines à base d’insectes a bénéficié d’un large soutien de l’Etat et de Bpifrance, entre autres. Elle a aspiré plus de 600 M€ de financement, notamment pour s’offrir son usine à Poulainville, près d’Amiens.

Publié le 02/12/2025 par Julie Kiavué / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

L'usine d'Ynsect à Poulainville, près d'Amiens ©Maxppp - Fred Haslin
L'usine d'Ynsect à Poulainville, près d'Amiens ©Maxppp - Fred Haslin

C’est bel et bien fini. Après une mise en sauvegarde en septembre 2024, suivie d’un redressement judiciaire en mars dernier et d’un plan social mi-mai portant sur la suppression de 137 postes sur 200, le tribunal de commerce d’Evry décide de mettre un terme à l’aventure sinueuse d’Ynsect. Avant l’ultime échéance qu’il avait lui-même fixée à fin janvier 2026. L’industriel spécialisé dans la production de protéines et d’engrais naturels à base d’insectes devra donc cesser ses activités et fermer sa ferme-usine de 45 000 m2 à Poulainville, près d’Amiens. La « plus grande ferme verticale du monde », avançait-il.

Etat, experts de Bpifrance, collectivités, Région, investisseurs privés… tous étaient convaincus de la réussite de ce projet, Ô combien prometteur et noble, mais sur un secteur qui s'est révélé bien trop fragile. D’après Xavier Bertrand (Région Hauts-de-France), Alain Gest (Amiens Métropole), Hubert de Jenlis (Ville d’Amiens) et Claude Vitry (Ville de Poulainville), plusieurs facteurs expliquent l’« échec » d’Ynsect. La « difficulté persistante » à stabiliser son process industriel ; un marché « moins mature que prévu » mais aussi une concurrence internationale particulièrement coriace.

600 millions d’euros

« Soutenir l’émergence d’un tel projet, y compris financièrement, c’était accepter de prendre un risque, motivé par l’espoir d’un progrès à la fois économique, technologique et écologique », déclarent les élus dans un communiqué commun. Au total, Ynsect a bénéficié de quelque 600 millions d’euros de financement. Une enveloppe colossale qui ne lui a pourtant pas suffi pour atteindre un niveau de production permettant de garantir sa rentabilité. Ni à combler le gouffre financier.

Ces dernières années, l’entreprise a accumulé de lourdes pertes. Entre 2020 et 2022, elle a réalisé 1,2 M€ de chiffre d’affaires pour plus de 150 M€ de pertes. En 2023, elle a mené un tour de table à 160 M€ alors qu’elle affichait 80 M€ de pertes sur l’année. Pour ne rien arranger, toujours en 2023, le PDG cofondateur d’Ynsect Antoine Hubert annonce quitter le navire. Il sera remplacé par Shankar Krishnamoorthy, qui n’aura malheureusement pas réussi à redresser la barre.