Avenir très orageux pour la BA 103 de Cambrai

Passe d'armes inattendue cet après-midi à Cambrai. Venus pour évoquer l'avenir de la base aérienne 103 qui fermera définitivement ses portes l'été prochain, les présidents du conseil régional et des conseils généraux du Nord et du Pas-de-Calais se sont vivement accrochés avec le député-maire de la ville, François-Xavier Villain. En cause ? Les premiers n'ont pas du tout apprécié que Cambrésis Développement Economique organise une conférence de presse lundi pour présenter le projet privé Mobilipolis, un concept de parc dédié à la mobilité dans tous ses aspects (parc d'attraction, showroom de voitures, notamment...pour un investissement de 300 M€ et 2000 emplois potentiels) deux jours avant leur propre conférence de presse. De surcroît, les uns ne voient pas du tout l'avenir comme les autres. Les grandes collectivités souhaitent reprendre le foncier et gérer le projet à travers un syndicat mixte qui serait créé avant la fin de l'année, pour accueillir un parc logistique multimodal, sorte d'extension de la future plateforme de Marquion, prévue pour accompagner le projet Seine Nord Europe.

« Il faut devant l'emballement médiatique (sur Mobilopolis, ndlr) garder raison », lance Dominique Dupilet, pour le CG 62. « Je suis très respectueux des rêves d'enfant. Si j'étais facétieux, je dirais qu'il manquer juste une plateforme de lancement d'Ariane », a ironisé Patrick Kanner, son homologue du Nord.

« On est chez nous et on n'a pas la parole, c'est insupportable. C'est la colonisation qui continue », s'est emporté François-Xavier Villain, qui a toutefois pu s'exprimer en fin de réunion, pour mettre en cause la "pensée unique" de la logistique. « Ce sujet ne mérite ni polémique ni contre-vérités », a-t-il déclaré, contestant toute possibilité de fret aérien. « Il n'y a pas de place pour la quadrimodalité, ça fait deux ans que c'est fini », a-t-il attaqué en référence à des études de marché négatives sur ce point de la CCI Grand Hainaut. « Il n'y a pas de projet, votre seul projet, c'est de créer un syndicat mixte », a-t-il lâché . « Nous avons une responsabilité qui dépasse la collectivité de Cambrai. Nous n'allons pas sacrifier cet enjeu majeur. Il ne faut pas mettre en péril l'avenir », a rétorqué Patrick Kanner, passablement agacé.

« Nous avons besoin de davantage de discussion », a prudemment conclu Daniel Percheron. Guy Bricout, président de Cambrésis Développement Économique et François-Xavier Villain, en aparté en fin de réunion, considéraient que les deux projets, logistique et touristique, pouvaient probablement trouver un terrain de compatibilité. En-dehors des périodes électorales.

Olivier Ducuing