Biothelis détecte plus tôt les insuffisances respiratoires

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La biotech lilloise procède à une levée de fonds pour financer les essais cliniques d'une nouvelle molécule

Et s’il était possible de diagnostiquer une insuffisance respiratoire de façon plus précoce ? Biothelis a découvert un biomarqueur, baptisé EndoMark H1A, permettant de détecter les insuffisances respiratoires en amont et donc de les traiter plus vite. Concrètement, cela signifie que de nombreuses vies pourraient être sauvées grâce à la jeune biotech lilloise.

Chaque année en France, près de 500 000 patients sont victimes d'une maladie nosocomiale susceptible d’entraîner une défaillance respiratoire aiguë. Or, les symptômes de cette pathologie se manifestent le plus souvent alors qu'elle est déjà installée. Avec l’EndoMark H1A, il devient possible, dans un contexte d’infection, de prédire la défaillance respiratoire un à deux jours avant son apparition. Voire trois jours pour une pneumonie dans un contexte post-chirurgical. Ainsi, les cliniciens disposent d’une fenêtre d’intervention thérapeutique d’un à trois jours pour éviter les complications respiratoires ou en limiter les conséquences.

Par ailleurs, plusieurs études ont montré que le biomarqueur avait des effets positifs sur les patients victimes de défaillances respiratoires en raison du covid-19. Ce qui élargit sensiblement les perspectives de l’EndoMark H1A.

« Ce biomarqueur est unique au monde », assure Philippe Lassalle, le fondateur de Biothelis en 2019. Reste à prouver son efficacité dans le cadre d’essais cliniques. « La Haute autorité de la santé nous demande de vérifier l’impact de la molécule et les bénéfices sur le malade. On sélectionne des populations à problèmes qui pourraient bénéficier d’un traitement. On espère ainsi une réduction de 30 à 50% des complications respiratoires », détaille cet ancien pneumologue et chercheur à l’Inserm.

LEVÉE DE FONDS EN COURS


Pour financer les études interventionnelles, Biothelis procède actuellement à une levée de fonds. « Si les tests fonctionnent, Biothélis changera de dimension car, potentiellement, des millions de personnes sont concernées par le biomarqueur », explique Arnauld Dubois, un consultant spécialiste des technologies innovantes, et ancien patron de Dhimyotis (signature électronique), qui accompagne Biothelis dans sa stratégie. Le capital de la société basée à Hellemmes, dans la métropole lilloise, est détenu par des personnes privées au côté de Philippe Lassalle, majoritaire. Une nouvelle levée est prévue l’année prochaine. Elle servira à financer un projet de biomédicament. Si l’EndorMark H1A permet d’établir un diagnostic des défaillances pulmonaires, le biomédicament les soignera. « On couvrira alors toute la chaîne », précise Arnauld Dubois.

Ces opérations financières ont aussi pour objectif à moyen terme la signature d’un contrat avec un grand groupe pharmaceutique. « Biothelis est une pépite. Les grands groupes ne sont pas capables de faire ce que nous faisons, car ils n’ont pas la même agilité. Une fois les études terminées, nous pourrons envisager de signer un accord de licence avec l’un des grands acteurs ayant la capacité de développer le produit au niveau mondial. Sur le papier, on est sur quelque chose d’énorme.»