Carburant : bientôt la panne sèche pour les transporteurs

A l’occasion de son Assemblée générale, la FNTR Nord tire la sonnette d’alarme quant à la pénurie de carburant qui menace la profession. Une difficulté supplémentaire dont elle doit faire face après la flambée des prix du carburant depuis la Covid et le manque de main d’oeuvre. 

Le constat est alarmant. Les réservoirs des transporteurs-logisticiens nordistes sont bientôt à sec.  Conséquence entre autres : les magasins et rayons alimentaires pourraient demain ne plus être approvisionnés. Jeudi 13 octobre, à l’occasion de son Assemblée générale, l’organisation professionnelle Fédération Nationale Transport Routier (FNTR) Nord est revenue sur les difficultés accrues que le secteur (40 000 salariés en région) rencontre depuis deux ans.

Avec la pandémie et la guerre en Ukraine — faisant bondir le prix du carburant —, la forte hausse du prix des véhicules et la revalorisation des salaires, les coûts du transport de marchandises ont flambé cette année. Et au vu de l’actualité, les choses ne devraient s’améliorer de sitôt. En effet, depuis mi-septembre les transporteurs et logisticiens nordistes peinent à se ravitailler en carburant. D’abord par l’afflux d’étrangers venus profiter de la ristourne du gouvernement français à la pompe, puis par la pénurie engendrée par les mouvements sociaux actuels au sein des raffineries TotalEnergie et Esso-ExxonMobil.

Non prioritaires

« C’est toute l’organisation interne des entreprises de transport-logistique qui doit être revue au jour le jour », explique Jean-Luc Dejode, président de la FNTR Nord et dirigeant du transporteur de marchandises Load Transports. Les professionnels spécialisés en long trajet doivent désormais optimiser voire annuler leurs livraisons faute de carburant suffisant. Quand d’autres doivent se rendre en Belgique faire le plein… où le débit à la pompe est de plus en plus limité pour les non-locaux.

« Notre profession ne fait pas partie de la liste des prioritaires aux stations-service. On a fait la demande auprès du Préfet depuis plusieurs semaines. Mais ça ne semble pas faire partie de la stratégie du gouvernement, regrette Jean-Luc Dejode, qui poursuit : quant aux stations dédiées à la profession, elles ne sont pas ravitaillées ou que partiellement. Aujourd’hui, c’est par le bouche-à-oreille entre collègues qu’on fonctionne pour remplir les camions. »

Une semaine de réserve

Les heures perdues dans les files d’attentes aux stations (donc non productives mais payées), le paiement des heures supplémentaires ou encore les détours réalisés pour trouver du carburant engendreront à terme des surcoûts évidents pour toute la profession. De quel ordre ? « Pour l’instant, on ne le sait pas encore, admet le président de la FNTR Nord. Mais ils seront importants, c’est une certitude ».

Le reste de la semaine sera décisive. Il y a urgence. Selon la Fédération nordiste, les entreprises disposant de cuves de carburant n’ont plus qu’une semaine de stock. « Pour l’instant, nous maintenons notre obligation de résultats auprès de nos clients. Mais plus les jours passent et plus la situation se tend », prévient Jean-Luc Dejode.

Car malgré une réouverture des vannes par le gouvernement ce week-end, plusieurs jours seront nécessaires avant un retour à la normale…

Le BTP également à la peine

Lundi 10 octobre, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) a appelé le gouvernement à prendre des mesures d’urgence face aux difficultés d’approvisionnement en carburant. Notamment en GNR, essentiel pour le fonctionnement des engins sur chantiers. Tout comme les transporteurs, les professionnels du bâtiment ne sont pas prioritaires à la pompe. En Hauts-de-France, où la situation est particulièrement tendue, certaines Tpe-Pme doivent annuler les chantiers trop éloignés et/ou ceux consommateurs en carburant, à l’instar de ceux de terrassement. Les dirigeants craignent l’arrêt pur et simple de leur activité dès la semaine prochaine. Entraînant la mise au chômage partiel de tout ou partie de leurs effectifs. Et ce, sans assurance de voir les indemnités avancées remboursées par l’Etat.