Conjoncture : L’effet rebond de l'activité régionale contrarié

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D’après la dernière étude de la CCI Hauts-de-France, nos dirigeants craignent pour la production et la productivité de leur entreprise. En cause : la pénurie des matières premières, l’explosion des coûts de transport et des difficultés de recrutement accrues.

C’est ce que l’on appelle "le contrecoup" de la crise sanitaire. Malgré un rebond de la croissance attendu aux alentours de 6% cette année en région, de nouvelles préoccupations perturbent depuis plusieurs semaines l’activité de nos entreprises, tous secteurs confondus. Leur production et leur productivité se trouvent aujourd’hui freinées par des difficultés d’approvisionnement, l’augmentation du prix des matières premières et des coûts de transport. A cela s’ajoutent des difficultés de recrutement qui s’accentuent au fil du temps.

Dans l’industrie par exemple, « les difficultés d’approvisionnement atteignent un niveau historiquement élevé », note la CCI régionale dans sa dernière enquête de conjoncture. Pénalisées, les entreprises ne parviennent plus à assurer leur production. C’est le cas notamment de l’usine Toyota d’Onnaing, qui a repris son activité - au ralenti - lundi 13 septembre, avec trois semaines de retard, faute de pièces disponibles. A l’instar du constructeur, 53% des entreprises régionales interrogées par la CCI témoignent de difficultés d’approvisionnement. 62% des répondants observent également un prix des matières premières en forte hausse en raison de la pénurie ; +50% pour le prix de l’acier depuis début 2021, +28% pour le cuivre sur un an… et même +105% pour les polymères! « En France aussi bien qu'en Europe, la situation est extrêmement tendue, commente la CCI. Les surcoûts commencent à se faire sentir sur la facture des consommateurs et des pénuries s’annoncent. »

Les coûts de transport suivent la même tendance. D’après la CCI Hauts-de-France, « un conteneur depuis Shanghai jusqu’à Rotterdam est aujourd’hui à 10 552 dollars (8 705 euros) ». Soit un tarif 5,4 fois plus élevé que celui observé en moyenne ces cinq dernières années.

Recrutement : encore et toujours plus compliqué

Les difficultés liées à l’embauche, exprimées de longue date par plusieurs dirigeants, s’accentuent depuis la Covid et ne concernent plus seulement les métiers dits sous tension. Une entreprise sur trois rencontre des freins à l’embauche en région. Et ce, malgré les 62 000 postes vacants actuellement. Ils représentent 6,2% des offres d’emploi nationales. Tout un paradoxe inexpliqué alors que le taux de chômage des Haut-de-France atteint 9,4% au premier trimestre 2021.

« Il y a un manque de travailleurs qualifiés et d’attractivité des offres d’emploi à pourvoir », souligne le président de la CCI régionale Philippe Hourdain. « Même les entreprises de secteurs attractifs comme l’IT ont des problèmes de recrutement », complète François Lavallée, 1er vice-président de la CCI Hauts-de-France et président de la CCI littoral.

L’un des enjeux à (très) court terme pour la CCI de région sera « d’adapter l’apprentissage aux besoins réels des entreprises », indique Philippe Hourdain. Tout en poursuivant les actions au côté de Pôle Emploi, la Région, la Chambre des métiers, l’Urssaf ou encore l’Opco. En juin dernier par exemple, pour aider le secteur CHR (café-hôtel-restaurant) en recherche active de salariés, une task force a été créée et menée par Philippe Lamblin, délégué aux emplois en région. Plus de 5 000 postes ont ainsi pu être pourvus en moins de deux mois. De quoi convaincre la CCI Hauts-de-France d’élargir l’action aux autres secteurs d’activités. Il y a urgence.