Coup d'envoi pour l'EPR de Gravelines

Gravelines. Après le débat public sur les deux EPR de Penly, c'est au tour de ceux de Gravelines. Ce projet phare, qui mobilisera au bas mot 16 mds €, va tamponner l'incroyable vitalité industrielle du Dunkerquois.

8 000 emplois sur le chantier à son pic en 2033. 16 milliards d'euros injectés au sein d'un programme national de 51,7 milliards (en euros 2020). Deux réacteurs qui produiront près de la moitié de l'électricité consommée par tous les Hauts-de-France. Un nouveau site de 50 hectares, sur un site contigu qu'abandonne TotalEnergies. Le tout pour une mise en service en 2038 et sans entraver le bon fonctionnement de l'actuelle centrale nucléaire ! Le moins qu'on puisse dire est que défi des deux futurs réacteurs EPR 2 à Gravelines est gigantesque. Encore plus XXL, si l'on peut dire, que l'accumulation de projets pourtant déjà historiques sur le Dunkerquois (dont les deux méga usines de batteries ProLogium et Verkor).

2038, ce sont donc quinze ans pour parachever cet investissement majeur. Une période de très, très long terme dans notre époque plus focalisée sur l'immédiateté. Mais les égarements politiques des 10 ou 15 dernières années qui avaient conduit à presque saborder notre industrie nucléaire imposent aujourd'hui de reprendre le travail très en amont et sans perdre une  minute. Dans une logique de standardisation des nouveaux réacteurs et donc de réduction des coûts, mais aussi de solution souveraine aux problématiques du réchauffement climatique. « Nous sommes persuadés que le nucléaire est une des solutions dans le monde pour décarboner », plaide Antoine Ménage. Celui qui a piloté le débat public pour les futurs EPR2 de Penly reprend son bâton de pèlerin pour conduire la même procédure, cette fois à Gravelines. Mais un débat apaisé et local. « Ici on veut un débat de territoire, on ne veut pas refaire un grand match du pour ou contre le nucléaire en France », insiste-t-il.

L'anticipation est d'autant plus capitale que la tension sur les compétences comme sur les matières premières et les sous-traitants promet d'être particulièrement vive dans un bassin où l'on annonce près de 20 000 recrutements ces prochaines années. Sans compter les difficultés qui s'annoncent pour loger mais aussi acheminer sur site les futurs ouvriers pendant le chantier. La nomination d'un préfet coordinateur, comme c'est le cas en Normandie, permettra en principe de fluidifier autant que possible des réponses de l'Etat