« Euralille, mission accomplie »

Fabrice Veyron-Churlet, directeur SPL Euralille. Fabrice Veyron-Churlet, directeur SPL Euralille.

Depuis 2015, Fabrice Veyron-Churlet est directeur général de la SPL Société Publique Locale Euralille, en charge des projets d’aménagements urbains. Pour lui, si la « turbine tertiaire » a atteint ses premiers objectifs, d’autres défis l’attendent.

Quel est votre regard sur ces 30 ans d’Euralille ?

Je dirais : mission accomplie ! A l’époque, la métropole souhaitait atteindre plusieurs objectifs. Tout d’abord assumer son rôle de capitale régionale. Aujourd’hui, grâce au TGV et son hub de transports publics, le secteur d’Euralille est devenu un lieu de connexion de la région au monde. La turbine des mobilités est réalisée. La deuxième ambition était d’assurer une tertiarisation du tissu économique. Aujourd’hui encore, des immeubles continuent d’être construits (et ils sont pleins !), accueillant des centres de décision. Enfin, il y a une troisième dimension plus urbaine. Cette turbine tertiaire et des mobilités s’est installée dans le cœur de ville avec un prolongement vers le sud (Bois habité, Porte de Valenciennes), offrant logements, bureaux, commerces, services, loisirs, parcs... Euralille est devenu un morceau de ville qui ne joue pas à la ville vernaculaire. C’est une opération qui a su, dans le temps, s’adapter au réel.

Pourquoi le projet a-t-il tardé à s’imposer ?

C’est à cause de la longueur des cycles économiques parfois défavorables. Mais les politiques ont continué à y croire. Aujourd’hui, toutes les valeurs at- teignent des records, les immeubles sont recherchés par les investisseurs. Leur centralité urbaine, leur connexion aux transports et la modestie des loyers (autour de 230 € le m2) sont autant d’atouts. Et nous n’avons pas éclusé les capacités constructibles. C’est tout l’objet d’Euralille 3000.

Pourtant, le quartier ne fait toujours pas l’unanimité chez ceux qui y travaillent ou qui y vivent...


Il ne faut pas oublier que le défi d’Euralille, ce sont avant tout les flux. Sa première vocation, c’est d’accueillir le premier hub de transport de la région, afin de pouvoir absorber les 25 millions de voyageurs par an. Reprocher à Euralille sa froideur, c’est ignorer les réponses au contexte qu’elle devait apporter. L’architecte Rem Koolhaas, à l’origine du projet, disait qu’Euralille veut assumer sa modernité. Le quartier est aussi un capteur de flux tout public, y compris les plus déviants : c’est bien le devoir d’une ville d’accueillir tout le monde. C’est un sujet que l’on traite collectivement avec les partenaires du site.

Quels sont ses enjeux pour demain ?

Les tours des années 90 vont arriver à la fin de leur première vie technique. Elles nécessiteront une réadaptation. Le périphérique devrait être couvert pour accueillir des constructions. Enfin, les nouvelles exigences de mobilité - trottinettes, tramways, le RER Bassin minier s’il aboutit - devront être prises en compte. Ce quartier offre un vrai potentiel de pratiques vertueuses en terme de mobilité sans voiture. Euralille ne peut donc pas finir ! Aujourd’hui, Euralille doit continuer à s’adapter aux nécessités de son temps, se réinventer, nourrir une capacité de développement endogène tout en ac- cueillant les nouveaux besoins de mobilité et en évoluant pour une ville plus adaptée aux nouveaux défis à relever.

Recueilli par Anne Henry Castelbou