Furet du Nord – Decitre : trois ans pour réussir le mariage

Il y a 3 ans, le Furet reprenait Decitre à Lyon. Si le virus a ralenti l'intégration, le groupe de librairies vient d'achever son processus à l'automne, sous un nouveau nom, Nosoli.



« Comment éviter le syndrome acheteur/acheté ? C’est le sujet principal de toute croissance externe !», s'exclame d’entrée Pierre Coursières, avec l'accent de son sud-ouest natal. Le PDG depuis 2003 du Furet du Nord a piloté le rachat du lyonnais Decitre en janvier 2019. Avec le sourire, il avoue que cela n’a pas été simple mais le mariage des deux cultures d’entreprise a été son souci constant : création d’un comité de direction mixte, rencontre des équipes, partage des bonnes pratiques, centralisation des fonctions supports à Tourcoing, des fonctions de e-commerce et du B-to-B à Lyon Decitre est en effet le leader national auprès des collectivités et universités, avec une des plateformes de vente en ligne les plus performantes de France.  Les confinements ont certes ralenti le processus d’intégration. Mais « heureusement que l’opération a été signée juste avant la crise sanitaire. La solidité financière du Furet et les compétences digitales de Decitre ont permis aux deux enseignes de faire face aux fermetures successives de magasins », décode-t-il.

Côté clients, ce rachat a eu peu d’impact, estime Pierre Coursières, puisque chaque enseigne conserve son nom sur son territoire : 10 magasins Decitre en Auvergne-Rhône-Alpes et 1 en Ile-de-France, 21 Furet du Nord entre la Wallonie et Paris. Mais les librairies Decitre ont vu le poids des produits culturels (papeterie créative, maroquinerie, jeux, jeux éducatifs …) augmenter de 13 à 30% des ventes, en phase avec la stratégie du Furet très en avance sur l’offre « hors livre ». Une tendance qui devrait s’accentuer pour accroître la rentabilité des points de vente, tout en conservant plus de la moitié des ventes aux livres, gage du statut de libraire, à la différence d’acteurs comme la Fnac ou Cultura.

 

Recherche de taille critique

Cette première étape d’intégration s’est achevée en septembre, lors d’une convention qui a déterminé des valeurs communes, un nouveau nom de groupe, Nosoli (contraction de « Nous sommes liés, nous sommes libraires ») et la stratégie à venir. Avec une perspective de 150 M€ de chiffres d'affaires sur l'exercice, stable depuis 3 ans, et 700 employés, Nosoli est devenu le premier libraire multi-enseignes de France, avec 3% de parts de marché. Le commerce électronique représente 11% du chiffre d'affaires avec 650 000 clients adhérents actifs digitaux. Une sacré évolution pour le Furet qui a fêté ses 100 ans en 2021. Mais pour Pierre Coursières, passionné de voile qui sent le vent des affaires tourner, le développement ne doit pas s’arrêter là : « Face à une concentration du secteur, une stratégie digitale très gourmande en investissements et une demande de proximité des clients, il faut continuer cette logique industrielle de recherche de taille critique. A terme, Nosoli doit devenir un champion du phygital.» Comment ? Par l’ouverture de nouveaux magasins Furet du Nord et Decitre sur leurs territoires, le rachat de librairies indépendantes incapables d’investir dans le digital, la création de petits formats inférieurs à 500m2 (comme à Reims, dernier magasin ouvert en 2021 au sein des Galeries Lafayette). Et un investissement en millions d’euros (non précisé) dans les 5 ans pour créer une plateforme de back-office commune (gestion financière, ERP …), renforcer le traitement du big data et l’efficacité des plates-formes digitales.

 

 

Exergue : « A terme, Nosoli doit devenir un champion du phygital» Pierre Coursières, président du groupe Furet du Nord, devenu Nosoli

Tags: