La filière automobile régionale sous très haute tension

 

 

Une enquête flash menée par l'Association régionale de l'industrie automobile (ARIA) montre un état des lieux particulièrement préoccupant, pour cette filière de 55 000 salariés, sur fond de pénurie durable de composants électroniques.

 

 

L'automobile est confrontée depuis quelques mois maintenant à une pénurie de composants électroniques, après la crise des gilets jaunes et la crise sanitaire, sans compter l'accélération de l'abandon du moteur thermique. Autant de secousses qui perturbent fortement la filière et affectent la production. Dans ce contexte, les équipementiers et sous-traitants sont en première ligne. C'est ce que montre avec acuité une enquête menée par l'ARIA sur la filière. 32 entreprises (représentant environ 5 000 salariés) ont répondu parmi lesquelles 28 équipementiers de rang 1 et 2, autrement dit les plus grosses entreprises, sur 50 équipementiers présents en région. Les résultats sont édifiants.

 Les 3/4 sont impactés fortement ou très fortement

75% des répondants disent être impactés très fortement ou fortement par la crise actuelle, dont près de la moitié (47%) très fortement. 56% d'entre eux déclarent d'ailleurs recourir à l'activité partielle. 81% affichent une perte d'activité par rapport à 2020 et/ou 2019. Avec des pourcentages de recul souvent considérables : 12 entreprises évoquent une chute de plus de 30%, dont 4 à 50% ou plus.

Une situation qui dégrade fortement les trésoreries : 68% des entreprises évoquent un impact fort ou moyen, seules 3% se déclarant sans impact particulier.

Conséquence, près des deux tiers ont décidé de revoir leurs investissements à la baisse, seuls 38% maintenant le cap. Parmi les entreprises ayant révisé leur plan, les trois quarts les abaissent de 25% ou plus, plus de la moitié les diminuant de plus de 50%.

Une moitié des répondants indique avoir revu leurs projets globaux (investissements, embauches, ...) pour les mois et années à venir.

« Tout le monde est perdu. Les entreprises ont beaucoup de mal à se positionner sur un planning », décode Luc Messien, délégué général de l'ARIA Hauts-de-France, qui souligne l'effet ciseau financier frappant singulièrement les équipementiers. « On sous-estime la problématique financière de trésorerie des Pme. Les PGE, c'est fini. Il ne faut pas que le monde bancaire nous lâche », estime-t-il, évoquant sans le nommer un premier cas de dépôt de bilan dans la filière. Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton déclarait il y a quelques jours au micro de France Info que la fin pénurie de composants électroniques n'aurait pas lieu « avant plusieurs trimestres », assurant toutefois que « le pic est derrière nous ».