La santé de l'automobile régionale se dégrade

La Banque de France a mené une enquête sectorielle sur l'industrie automobile régionale, hors constructeurs. Il en ressort un tissu économique nettement fragilisé.

 

L'automobile régionale manque de reprise. La Banque de France a réalisé une enquête sectorielle portant sur 198 entreprises (soit 16 000 salariés, hors constructeurs), dont le siège social est localisé en région. Un secteur caractérisé par la dominance d'entreprises d'une taille certaine : 90% de l'activité est opérée par des entreprises de plus de 50 salariés. Le secteur est en outre composé d'entreprises matures puisque 66% ont plus de 20 ans, contre un ratio de 32% dans l'industrie nationale.

L'industrie automobile voit son chiffre d'affaires reculer sensiblement sur la durée : pour une base 100 en 2016, l'activité atteignait seulement 89,9 l'an dernier. Par comparaison, l'industrie de province s'affiche à un niveau de 112,9.

Si 2021 s'est traduit par une reprise économique, l'automobile régionale l'a vécue de manière variable : la hausse de chiffre d'affaires globale a atteint 10,9% mais 30% des entreprises ont encore vu leur niveau d'activité reculer. L'enquête montre du reste qu'une entreprise sur cinq a même vécu deux années de récession successives. Or ces entreprises pèsent lourd puisqu'elles emploient 17% des effectifs et représentent 10% du chiffre d'affaires du secteur.

Autre indicateur inquiétant, le taux de valeur ajoutée en région atteint 25,7% contre une moyenne de 28,5% pour l'industrie de province. Cet indicateur cache de fortes disparités : les entreprises les plus profitables résistent mieux tandis que celles à plus faible taux de valeur ajoutée connaissent à l'inverse une érosion régulière de leurs performances.

 

Une entreprise sur trois est déficitaire

La Banque de France a également calculé le rendement net de la main d'œuvre de nos entreprises. Là encore, la comparaison n'est pas flatteuse : il atteint 11,8 en 2021 (en forte hausse après un énorme trou d'air en 2020) mais bien loin de la moyenne d'industrie de province (24 ,7). (Ce ratio calcule l'écart entre la valeur ajoutée produite par un salarié et le coût salarial global unitaire)

De même, la rentabilité s'est restaurée en 2021, mais bien loin des niveaux d'avant-crise. Le taux de marge atteint 3,8, (8,4 pour l'industrie de province), mais très en-deça des 5,8 points de 2016, par exemple. Surtout, la moyenne cache là encore bien des contrastes. Une entreprise sur trois (36%) est déficitaire en 2021 (20% pour l'industrie de province), et le résultat courant avant impôt atteint 1,6% de moyenne (6,2% pour l'industrie de province). On notera que les entreprises déficitaires représentent 40% des effectifs et 34% du chiffre d'affaires de la filière.

Le secteur affiche en outre une surcapacité de production, relève l'étude.

 Petit coin de ciel bleu dans ce panorama, le niveau d'investissement est reparti à la hausse en 2021, avec un taux d'investissment d'exploitation (investissement d'exploitation/valeur ajoutée) qui s'établit à 21% contre 17% pour la moyenne de l'industrie de province.

 

Endettement contenu

Les fonds propres du secteur se révèlent quant à eux solides (41% du chiffre d'affaires en moyenne) tandis que l'endettement (dette financière/ fonds propres) est contenu (51% contre 74% pour la comparaison de province). Il reste que le niveau de trésorerie de nos entreprises est plus faible que la moyenne (39 jours de trésorerie nette contre 75 pour la moyenne de province) et recule de trois jours en un an. Avec pour corollaire une capacité de remboursement obérée pour 5 entreprises sur 10.

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