Le Crédit Agricole Nord de France voit ses résultats et l'avenir en vert

Christian Valette et Bernard Pacory, respectivement directeur général et  président de la banque mutualiste Christian Valette et Bernard Pacory, respectivement directeur général et président de la banque mutualiste

 

 

Derrière d'excellentes performances en 2021 sur fond de crise sanitaire, la banque verte accélère sa mutation en profondeur pour accompagner la décarbonation de l'économie régionale.

 

D'ordinaire, les présentations de résultats financiers sont un exercice assez convenu, surtout pour des entreprises cotées. Si le Crédit Agricole Nord de France a bien assumé ce rôle, avec une année 2021 plus que satisfaisante, il ouvre surtout une phase nouvelle où la banque veut jouer un rôle actif dans la décarbonation.

2021, d'abord, aura été un excellent cru pour la caisse régionale : augmentation des parts de marché, à 25% pour le crédit aux particuliers (+1 point en un an), et à 19% pour les entreprises (+1 point également), gain de 53 000 clients et de 20 000 sociétaires, l'activité fut au beau fixe l'an dernier. Les encours de crédit ont également fortement grimpé à hauteur de 28 milliards d'euros (+ 5,8%), tandis que les réalisations de nouveaux crédits ont atteint un record historique à 5,4 Md€ (+7,1%), dont une proportion non négligeable de prêts garantis par l'Etat (470 M€). L'activité agricole s'est très bien tenue, à 400 M€ de crédits, en hausse de 9%.

Le produit net bancaire consolidé (chiffre d'affaires) s'est établi à 653 M€ (+9,4%), tandis que la rentabilité s'est envolée de 58, 5% : le résultat net part du groupe atteint 160 M€ contre 101 M€ un an plus tôt.

Adaptation du réseau

Christian Valette, directeur général de la Caisse, a nuancé ce tableau très favorable : « Par honnêteté, il faut reconnaître que les performances que nous dégageons ne sont pas le seul produit de nos décisions et de notre activité, mais aussi le produit de cette politique monétaire et de soutien à l'économie », expose-t-il, faisant référence aux taux maintenus très bas par la Banque centrale européenne et au soutien gouvernemental au tissu économique.

Mais au-delà de cette année à part, le Crédit Agricole Nord de France entend préparer l'avenir. D'abord à travers un très gros effort d'adaptation de son réseau (250 agences) et une intense mobilité des effectifs : depuis mai 2021, pas moins de 1 300 personnes ont changé de fonction, un rythme trois à quatre fois supérieur à la moyenne annuelle. La logique est celle d'un réseau de terrain assumé mais aussi accompagné d'une évolution technologique. Christian Valette résume, non sans pointer la fragilité des néobanques : « le constat est fait aujourd'hui que, jusqu'à preuve du contraire, le modèle qui résiste est celui qui marie l'humain et le digital ». Une analyse qui justifie la reconstruction de deux sièges, non seulement à Lille (le lieu devrait être annoncé incessamment) mais aussi à Arras. Le premier s'étendra sur 22 à 24 000 m2 pour 600 à 700 collaborateurs, le second sur 14 000 m2 pour 400 à 500 collaborateurs, avec une perspective de livraison à horizon 2026. La banque souhaite réaliser des bâtiments sécables, permettant d'en louer voire d'en vendre une partie le cas échéant.

 

« Nous nous engageons massivement dans cette transition »

Mais la banque verte se projette encore plus loin, avec la perspective de la neutralité carbone en 2050. « Nous sommes dans les transitions sociale, sociétale, énergétique. Nous nous engageons massivement dans cette transition », décrypte Bernard Pacory, président de la banque. Comment ? A travers un bilan carbone de la Caisse, mais aussi des activités financées, et l'objectif d'accompagner les clients dans leurs projets sous ce spectre des émissions de CO2. Avec un risque d'éviction pour les projets qui n'entreraient pas dans les nouveaux critères ? « La volonté n'est pas de ne pas financer les activités émettrices, mais d'accompagner les clients dans leur propre transition », résume Christian Valette qui complète : « Nous devrons apprendre non plus seulement à mesurer les euros mais aussi le CO2, le réduire et le compenser ». La mutation est à ses débuts et ne sera pas sans conséquences, à commencer par les dépréciations d'actifs qui ne manqueront pas d'intervenir, reconnaît le directeur général.

En attendant, les perspectives immédiates pour 2022 semblent plutôt favorables à la direction de la banque, du fait de la stratégie très progressive de désengagement de la BCE, et d'une inflation que Christian Valette pense pouvoir être contenue. "2022 ne s'annonce pas forcément sous des auspices moins favorables, surtout si la crise sanitaire se détend".