Le secteur du contrôle technique s'alarme de son avenir

Bernard Bourrier, président du réseau Autovision, met en garde sur une profession en grande tension notamment en terme de recrutements. Bernard Bourrier, président du réseau Autovision, met en garde sur une profession en grande tension notamment en terme de recrutements.

Région. Le président d'Autovision, Bernard Bourrier, est venu en région ces derniers jours pour défendre une profession méconnue mais à l'effet levier important sur la filière auto.

Un tiers des contrôleurs techniques a plus de 50 ans. Une pyramide des âges qui menace l'avenir de la filière si leur remplacement n'est pas largement anticipé. C'est le cri d'alarme lancé par Bernard Bourrier, président du réseau Autovision, numéro deux français sur le véhicule léger, venu en Hauts-de-France à la mi avril prêcher la bonne parole. Il est aussi vice-président du conseil des métiers de service de l'automobile au sein de l'OPCOM qui finance les formations. Le sujet est loin d'être secondaire : «Nous sommes un métier en tension. Il nous faut 1 000 à 1 200 personnes de plus par an dans les cinq ans, dont 250 par an pour Autovision », souligne Bernard Bourrier. Dans les seuls Hauts-de-France, le contrôle technique emploie 1 025 contrôleurs (sur près de 13 000 en France, pour 6 554 centres).

"La machine se grippe"

Plusieurs facteurs renforcent les tensions du secteur : depuis 2018, les pré-requis sont plus élevés qu'avant pour accéder au métier, il faut un bac pro. Ce qui réduit le vivier potentiel dans certains bassins d'emploi. Autre difficulté, beaucoup de centres dont le dirigeant atteint la retraite n'arrivent pas à trouver de repreneur, risquant à terme une fermeture pure et simple. Phénomène aggravé dans les grandes métropoles où les propriétaires fonciers sont tentés de revendre leur centre au profit de projets immobiliers bien plus rémunérateurs. « La machine se grippe », alerte Bernard Bourrier, qui en appelle à l'Etat pour veiller à la pérennité d'un secteur qui exerce une mission de service public. Or demain, alerte-t-il, on pourrait assister à des fermetures nombreuses, empêchant bien des automobilistes de trouver un centre technique à proximité.

« Or le contrôle technique a une grande valeur redistributive puisque notre secteur engendre 1,2 à 1,5 milliard d'euros d'entrées en atelier par an » (par le fait des contre-visites, ndlr). L'élu patronal pointe aussi le fiasco du contrôle technique des motos (catégorie L, incluant aussi les quads et voiturettes sans permis), dont le décret d'application (la troisième tentative de réglementation) a été suspendu il y a quelques mois sous la pression. « Tout est soumis à contrôle technique en France, même les tracteurs. Il y a là absence de responsabilité politique. Et ce sont des milliers d'emplois sur lesquels la France s'assoit », estime-t-il.