Le verrier SGD Pharma en passe de redevenir français

Saint-Quentin-la-Motte(80). Détenu depuis 2016 par le chinois JIC, l'ex Saint- Gobain Desjonquères est en passe d'être repris par le fonds français PAI Partners. Pour accélérer encore à l'international.

Le verrier SGD Pharma va repasser sous couleurs nationales. Après l’américain Oaktree, en 2010, puis le chinois China Jianyin Investment (JIC) six ans plus tard, l’industriel, fournisseur de verre de haute qualité pour l’industrie pharmaceutique, aiguise cette fois les appétits du fonds PAI Partners (anciennement Paribas Affaires Industrielles). Celui-ci a annoncé, le 16 juin dernier, avoir formulé une offre d’acquisition pour l’ensemble du groupe aux cinq usines et aux 3 200 salariés, dont la moitié basés en France. Ce changement d’actionnaire devrait marquer une nouvelle étape dans la vie du verrier, implanté depuis un siècle dans la Somme. Dans un contexte international de concentration des acteurs, le plan stratégique du groupe prévoit en effet d’atteindre le seuil des 450 M€ de chiffre d’affaires en 2025, contre 350 M€ aujourd’hui. Et ce grâce à une augmentation de ses parts de marché en Europe ou aux Etats-Unis, mais surtout dans les pays émergents, en Chine et en Inde, «la véritable pharmacie du monde », selon le mot de Christophe Nicoli, PDG de SGD Pharma. Sur ces marchés, l’entreprise accompagne déjà ses clients, tels que le japonais Takeda ou l’espagnol Grifols, en pointe dans les biotechnologies ou les dérivés sanguins. «Ces spécialités exigent des standards de qualité exceptionnels, nécessaires à la production de produits injectables, ultra-sécurisés et fragiles. Nous sommes parmi les rares entreprises mondiales à pouvoir les fournir », souligne le Pdg. En Inde, SGD Pharma estime progresser de 30% d’ici l’an prochain. En moyenne, sa croissance devrait se maintenir autour des 5% par an, soit 2 points de plus que la moyenne du marché.

612 M€ de pertes il y a dix ans

Cette performance est le fruit du choix stratégique des deux actionnaires précédents. Il y a dix ans, le fonds de retournement américain Oaktree a tout bonnement sauvé l'ex-navire amiral de Saint-Gobain Desjonquères, qui cumulait 612 M€ de pertes pour un chiffre d’affaires de 500 millions. C’est lui qui a pris la décision de scinder les activités pharmaceutiques et cosmétiques pour transformer le verrier généraliste en spécialiste de la pharmacie. Moyennant la construction, à Saint-Quentin-la-Motte (80) d’une des usines de verre (65 M€ d’investissement) les plus modernes au monde. Le chinois JIC a transformé l’essai. Sous sa gouvernance, le groupe a consolidé ses bases en maintenant ses investissements courants, en se développant dans les zones géographiques émergeantes, et surtout en renforçant sa stratégie d’innovation tant au niveau du portefeuille produits que des process. Résultat : sur la période, son chiffre d’affaires a augmenté de 17% et son Ebitda de 40%. «Cette base extrêmement solide nous permet de prendre des parts de marché partout dans le monde », se félicite Christophe Nicoli, soulignant la part importante de l’usine picarde dans ces performances. Selon lui, elle contribuerait à hauteur de 20% aux résultats du groupe, sa production ayant augmenté de 25% depuis son lancement